3 questions à Fakher Kharrat directeur de l’ENAU

En sa qualité de membre du comité de suivi chargé des conférences, Fakher Kharrat nous livre son témoignage sur la première édition des « Journées Architecturales de Carthage », organisées du 30 novembre au 2 décembre 2019 à la Cité de la culture de Tunis et placée sous le thème : « Le futur de l’architecture, l’architecture du futur ».

Quel était l’objectif et le concept des JAC ?
L’objectif des JAC est de divulguer au large public l’architecture, c’est l’un de rares domaines qui intéresse tout le monde tant elle constitue notre cadre de vie.
Une installation sur l’avenue Habib Bourguiba, une parade urbaine de 200 étudiants de l’ENAU, six conférenciers prestigieux de niveau international, cinq prix thématiques d’architecture, une performance musicale des étudiants de l’ENAU, troupe Under-Ga3, une exposition réunissant la production architecturale de 50 ans d’architecture de l’OAT ainsi que celles de l’INP, l’AMVPPC et des travaux d’étudiants de l’ENAU, ce sont les principales activités qui ont meublé cette session fondatrice des journées architecturales de Carthage.

Quelle est votre évaluation des JAC ?
Après une première tentative d’organisation en 2018, la décision a été finalement prise de lancer les premières journées architecturales de Carthage au cours du mois de septembre 2019 pour un déroulement fin novembre. La décision tardive ne nous a pas laissé beaucoup de temps de préparation, mais la nomination d’un comité de suivi par le ministère de la culture comportant l’OAT et l’ENAU et les séances de coordination fréquentes que nous avions tenues, ont réuni les conditions de réussite. J’estime que les objectifs essentiels sont atteints, en témoigne le grand intérêt du public que ce soit parmi, les étudiants, les professionnels de l’architecture et aussi les enfants. Porter la profession de l’architecture au parvis de l’avenue de Bourguiba et jusqu’à la cité de la culture est une idée originale qui a eu lieu grâce à une grande collaboration entre le ministère de la culture, l’ENAU et l’OAT. Trois ministres ont assisté à la parade et à l’ouverture des JAC.
L’exposition organisée à la cité de la culture par l’ENAU et l’OAT a été aussi une très grande réussite et a attiré plus que 10 000 visiteurs en 3 jours, dépassant le record des JCC. Les jurys du concours d’architecture organisés dans la salle de 150 personnes puis 350, se sont avérés trop petites pour faire entrer tout le monde. De même pour la journée d’ouverture, la salle de 700 personnes s’est avérée trop petite.
La présentation du film « All come from dust » de Younes Ben Slimane étudiant Enau qui a gagné le Tanit d’or du documentaire court-métrage aux dernières JCC, la performance musicale de Yasser Jradi et l’excellente présentation et animation de Mehdi Kattou architecte de formation, ont marqué la cérémonie d’inauguration des JAC.
A saluer aussi le travail de scénographie de l’exposition et de la scène qui a été confié à l’architecte Alya Bouzid.
De même pour les conférences, malgré les délais très serrés d’organisation nous avons réussi à inviter des conférenciers d’un grand niveau scientifique et professionnel. Il s’agit de Jean Pierre Peneau président de l’académie française d’architecture, Martin Robin patron de l’agence architecture studio et Benjamin Mouton l’ancien architecte en chef de l’église, Notre Dame de Paris, tous les deux membres de l’académie française d’architecture. Pour la partie tunisienne la professeur Leila Ammar a été choisie pour représenter le monde académique de l’ENAU et les architectes Tarak Ben Miled et Daousser Chennoufi, le monde professionnel.

Quelles sont vos propositions d’améliorations pour les futures sessions ?
J’estime que l’évènement des JAC, combinaison entre le prix de l’architecture et le festival d’architecture a réussi son baptême de feu et s’est installé dans le paysage culturel tunisien, grâce à une collaboration exemplaire entre le ministère de la culture et notamment l’AMVPPC et l’ENAU, l’OAT, l’ordre des architectes de Tunisie et le travail sans relâche du comité de suivi du projet malgré le temps très court imparti. L’ENAU, unique école nationale étatique d’architecture et d’urbanisme a eu une contribution essentielle dans la réussite de ces journées et ce grâce à l’implication des bénévoles enseignants et étudiants, qu’ils soient ici tous remerciés.
La réussite des JAC auprès du public avisé et du grand public impose une révision des méthodes, du temps de préparation et des moyens matériels et humains mis en place. Je propose pour les prochaines sessions, d’étaler la programmation sur une semaine et de prévoir les conférences et le jury a des dates séparées pour permettre au public d’assister aux deux composantes et de revoir la capacité des salles à la hausse. Pour les prochaines sessions je pense qu’il serait opportun de prévoir un thème pour chaque session, d’ailleurs l’architecte directrice des journées, Mme Chiraz Saied a annoncé le thème du patrimoine pour les JAC 2020. Il y a lieu aussi d’étendre ces journées à différentes régions de la Tunisie, de s’ouvrir sur d’autres espaces, comme les amphis de l’ENAU, Ennejma Ezzahra, le Bardo ou Kasar Said et de prévoir surtout une meilleure couverture médiatique.

Propos recueillis par Archibat
Article paru dans Archibat n°49 – Juin 2020

error: Content is protected !!
Retour en haut