– Elu en 2018 deuxième « Autodesk Artist of the year », Amir Cherni a obtenu plusieurs prix en visualisation architecturale. Il vient de remporter le Platinum A’ Design Award dans la catégorie « Interior Space and Exhibition Design » avec la mention « sélection spéciale » dans le célèbre concours international « A’Design Award & competition ».
– Designer d’intérieur et instructeur accrédité par Chaos Group, il est le créateur d’Illuminance, plateforme d’e-learning et unique centre de certification en ligne CHAOS GROUP (éditeur du moteur de rendu VRay leader du marché des solutions de rendu réaliste) dans le monde, spécialisé dans la formation sur les techniques de rendu photo-réaliste pour l’architecture et le design.
Comment vous êtes-vous perfectionné pour devenir un maître-illusionniste de l’image architecturale ? Car il s’agit d’exceller dans l’art, de brouiller la limite entre réel et image 3D. Vous semez littéralement le doute !
A. Cherni : cela a été le cas pour « Anges et Démons » à cause du degré de détails du décor intérieur style Renaissance ! J’ai dû d’ailleurs publier les écrans qui prouvent qu’il s’agissait bien d’une 3D et non d’une photo réelle. Le premier défi en matière de 3D porte clairement sur le degré de réalisme atteint dans l’image rendue. Et ce sont les challenges personnels qui m’ont permis d’avancer. Il y a ce que j’appelle les « délires 3D » quand je crée entièrement des scènes architecturales, des ambiances totalement imaginaires. Cela me permet de perfectionner les nouvelles techniques de la création 3d pour ensuite les intégrer dans le workflow de la production commerciale.
Quel est, selon vous, l’apport de l’artiste 3D au projet architectural ?
L’architecte dispose de plusieurs modes d’expression et la 3D n’est qu’un moyen parmi d’autres. Mais depuis quelques années, elle devient indispensable, voire obligatoire surtout dans les projets internationaux… En Tunisie, la 3D est adoptée par la majorité des bureaux d’architecture comme support de communication conceptuel. Au sein de ces bureaux, le rôle de l’artiste 3D est incontournable : il complète, achève l’œuvre.
Aujourd’hui, l’architecte compte sur les compétences de l’artiste 3D pour imaginer une part assez importante du projet avec le travail sur les ambiances et sur la perception des textures, de l’ombre, de la présence humaine… Selon moi, il ne faut pas s’arrêter à aujourd’hui. Il faut travailler pour demain et intégrer les nouvelles technologies : visites virtuelles interactives – réalité augmentée…
Qu’est-ce que vous espérez comme changement pour le domaine de la visualisation architecturale en Tunisie ?
Je crois fermement qu’on a le potentiel pour faire de la Tunisie une plateforme performante à l’échelle internationale dans le domaine de la 3D architecturale. Pour cela, il faut commencer par organiser le secteur en instaurant une carte professionnelle, ou en adoptant toute initiative pour mettre de l’ordre dans un domaine qui est à la limite de l’anarchie. Autre point important : il faut absolument ouvrir nos institutions de formation publique aux nouvelles technologies avec la consultation d’experts, pour élaborer des programmes de formation digitalisée (BIM, ARCH-VIZ, TEMPS réel…). On a un énorme retard à rattraper dans la formation académique et professionnelle particulièrement en architecture.
Il faut aussi penser à la communication en lançant des sites web, des magazines spécialisés et en promouvant les talents, d’où l’importance de l’impact d’un évènement comme celui des 3D Awards.
Pour lancer justement cet événement inédit des 3D awards, qu’est ce qui vous a motivé ?
J’ai plusieurs préoccupations à vrai dire, qui dépassent mes seuls objectifs personnels. La première est de soutenir la création d’une communauté dont les acteurs n’ont aucune occasion pour se rencontrer et échanger, mais aussi d’avoir clairement l’ambition de promouvoir la destination Tunisie comme Hub de l’architecture digitale.
De manière plus concrète, cette journée a donné l’occasion de mettre en valeur les nouveaux artistes avec la reconnaissance de leurs talents. Il faut de la reconnaissance ! Il est important de leur donner de la motivation, de la visibilité en leur accordant plus de moyens, d’où l’idée d’offrir des cadeaux de valeurs comme des PC et des licences de logiciels payants… Et puis, le domaine de la visualisation architecturale, en pleine expansion en Tunisie, a grand besoin de soutien et cet événement a permis d’attirer des sponsors importants.
Pour conclure, quels sont vos mots d’ordre pour réussir dans la visualisation architecturale ?
Je dirais trois mots : performance, spécialisation, productivité.
Interview réalisée par Cyrine Bouajila
Article paru dans Archibat n°46 – Avril 2019