L’Atelier OsMose, créé en Novembre 2009, est constitué par trois architectes Maha AZAIEZ KEDOUS, Malek LAYOUNI et Wessim MAHJOUB, diplômés de l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis (ENAU). Après des expériences diverses à l’étranger, les trois architectes s’installent à Sousse et fondent leur agence dans leur ville natale.
Vous êtes trois. Qu’est-ce qui fait selon vous, la force de votre trio ?
Maha : Je pense que notre meilleur atout est notre amitié de longue date. Nous nous connaissions bien avant nos études d’architecture, du fait que nous habitions le même quartier à Sousse.
Wessim : Moi je pourrais rajouter que c’est notre complémentarité tant au niveau personnel que professionnel ; on se relaye au niveau de la conception des projets (ou les réunions s’agit-il d’une erreur ?) chacun selon son point fort.
Malek : Pour moi, ce meilleur atout c’est l’égalité et l’absence de problème d’ego car qui pourrait léser ce genre de groupement, c’est quand l’un des membres s’autoproclame comme leader et se croit supérieur ou meilleur que les autres. Nous n’hésitons ni à nous demander conseil ni à nous critiquer mutuellement sans avoir peur de froisser l’un ou l’autre. Nous avons un objectif commun et clair : aboutir au meilleur résultat possible.
En quasiment dix ans d’existence, y a-t-il une évolution? Avez-vous des collaborateurs et des clients privilégiés qui se sont affirmés depuis la création d’Osmose ?
Maha : En fait, l’Atelier Osmose fut créé en 2010 par Malek et moi-même. Wessim nous a rejoint deux ans plus tard. L’évolution de l’atelier s’est faite progressivement en commençant, comme tout le monde, par des petits projets avec un seul collaborateur, jusqu’à aboutir au développement actuel de notre agence.
Malek : Par rapport à nos clients, et étant donné la diversité des projets que nous traitons, nous les considérons tous comme privilégiés. La progression s’est faite principalement sur le type de commandes qui ont évolué des projets résidentiels à des commandes plus complexes touchant à la restauration, à l’éducation ou à la santé…
Vous construisez essentiellement à Sousse. Est-ce que vous vous considérez comme des architectes du Sahel ?
Comment vous vous positionnez parmi les architectes de la région ?
Malek : Non, nous essayons d’éviter ce genre d’étiquettes. Nous avons des projets à Tunis et à Nabeul même s’il est vrai que nous construisons essentiellement à Sousse. C’était un choix de carrière après avoir fini nos études de nous installer dans notre ville natale : pour le potentiel évolutif de la ville d’une part, et pour la présence de nos familles, amis et connaissances d’autre part. Leur soutien était important dans l’obtention de nos premières commandes.
Vu l’impressionnante liste de vos réalisations, on voit que vous êtes des « touche-à-tout » ; aucun secteur ne vous résiste :
éducation, santé, banque, résidentiel, villas de maître, commerces variés… Avez-vous un domaine de prédilection malgré tout ou fonctionnez-vous par spécialité au sein de votre groupe ?
Malek : Cette diversité est voulue et recherchée. Nous avons toujours essayé de fuir l’étiquette d’« Architecte spécialisé en… ». Cela nous permet d’accéder à plus de commandes. En fait, ce sont nos parcours respectifs avant la création d’Osmose, qui ont permis cette diversité. Et je pense que c’est le point fort de notre groupement.
Maha : Je ne pense pas que nous ayons des domaines de prédilection. C’est vrai que certains types de commandes sont plus faciles à aborder que d’autres mais souvent, c’est véritablement le client qui rend le projet simple ou à l’inverse très complexe. Mais si je dois opter pour un domaine, j’ai une préférence pour les projets qui ne nécessitent pas de contact avec l’administration ; elle a malheureusement tendance à être un vrai frein au développement dans notre pays, de part ses lois obsolètes parfois.
Wessim : Je rajoute que nos expériences respectives en début de carrière, ont permis la spécialisation de chacun de nous dans un domaine et Osmose a servi à croiser nos compétences. Malek est le spécialiste de projets d’éducation, banques, showrooms et villas de maitre. Maha, c’est la spécialiste du résidentiel haut standing et des projets de décoration. Quant à moi, je suis plus spécialisé dans les projets de santé. Tout cela n’empêche pas le fait que nous nous concertions sur tous nos projets en nous demandant conseil mutuellement.
Est-ce qu’il y a un projet qui constitue un déclic pour Osmose ? ou un projet qui vous tient particulièrement à cœur ?
Maha : Je crois pouvoir parler au nom de tout le monde en évoquant le projet « Le diamant bleu ». Il s’agit d’un projet résidentiel collectif où on a mis en place notre système de fonctionnement interne actuel, c’est-à-dire la synthèse de nos idées cumulées pour aboutir à un projet commun. Le promoteur nous avait donné une grande liberté de conception et il avait la qualité très rare, de ne pas chercher à rentabiliser chaque centimètre carré.
Wessim : Oui. Ce projet a intrigué beaucoup de monde à Sousse. Nous y avions cherché à créer le véritable « haut standing » dans le choix des matériaux. Nous y avons adopté aussi un substitut à la brique rouge : la pierre en béton cellulaire, légère et très malléable. Nous avions fait toute une étude pour créer un confort acoustique et thermique dans chaque appartement.
Malek : Ce projet a beaucoup fait parler de lui du fait de l’important budget qui lui a été alloué. Il a créé une sorte de « buzz » bénéfique pour Osmose.
Pour la Banque de Tunisie, il s’agissait d’un bâtiment existant, d’une rénovation ?
Malek : Effectivement il s’agit d’un bâtiment colonial qu’on a rénové. Nous avons essayé de lui apporter une touche de modernité tout en respectant et en valorisant sa morphologie de l’époque : base, corps, couronnement. C’était un exercice excitant surtout que le maître de l’ouvrage (la B.T), par le biais de son ingénieur chargé des opérations (que je salue au passage), voulait absolument moderniser le bâtiment sans estomper ni son époque ni son cachet. Je me rappelle très bien de l’expression de son visage quand on lui a présenté le projet ; c’est là que nous avions compris que nous avions une grande chance de réussir le projet.
En tant que trio gagnant, avez-vous des aspirations particulières pour le développement d’Osmose ?
Maha : j’espère continuer sur cette lancée et accroître notre agence et nos domaines d’intervention.
Wessim : Pour moi, ce sera développer plus nos projets pour l’export. Ce type de commande commence à intégrer timidement notre agence.
Malek : C’est en continuant à essayer de réussir chaque projet et de contribuer au sauvetage du paysage urbain, que le développement et la prospérité d’Osmose -je pense- seront assurés.
Propos recueillis par Cyrine Bouajila
Article paru dans Archibat n°48 – Décembre 2019