Quelle est la stratégie de l’Etat pour la promotion du logement ?
La Tunisie a instauré depuis l’Indépendance plusieurs mécanismes financiers en vue de promouvoir le logement. Ainsi, la Société nationale immobilière de Tunisie (Snit) participe à l’éradication des logements rudimentaires. Elle a réalisé plus de 265.000 logements depuis sa création. De plus, l’Etat a créé en 1973, pour renforcer le rôle de la Snit, l’Agence foncière de l’habitat (AFH) dont le rôle consiste notamment à acquérir des terrains et les aménager en vue de les fournir aux particuliers. Depuis sa création, elle a aménagé plus de 7.000 ha.
Egalement, il y a eu la création de la Cnel (Caisse nationale d’épargne logement) en 1973 pour favoriser l’épargne des ménages et leur permettre de financer leurs logements. En 1977, la Société de promotion des logements sociaux (Sprols) a vu le jour dans le cadre du renforcement de la production. Les logements étaient fournis, au début, sous forme de location pour les personnes à faibles revenus. Le Fonds de promotion des logements sociaux (Foprolos) a financé, quant à lui, depuis sa création en 1977, quelque 60.000 logements sociaux en aidant les gens à bénéficier d’un financement.
L’Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine (Arru) a été créée en 1981 pour faire face à la prolifération des quartiers populaires et le développement du tissu industriel. Elle a été en mesure de fournir l’infrastructure nécessaire, comme la voirie, l’assainissement, l’électricité, l’eau potable aux quartiers populaires au profit de 3.4 millions d’habitants depuis sa création, et ce, dans le but de mettre à la disposition de chacun un logment décent à des conditions favorables.
Une autre institution a été créée en 1989, à savoir la Banque de l’Habitat, instrument financier, visant à diversifier les interventions au niveau des logements. Différentes catégories de financement ont été proposées aux intéressés. En 1997, les banques commerciales se lancent dans le financement du logement dans le cadre de l’épargne-logement. Elles représentent 60 à 65% des interventions au niveau du financement.
C’est ainsi qu’on a pu atteindre un certain résultat. D’après l’enquête de l’Institut national de la statistique (INS) de 2009, le parc est constitué de 2,9 millions de logements au profit de 2,7 millions de ménages.
Cependant, durant les dernières années, on a constaté que les mécanismes mis en place n’ont pas touché certaines catégories sociales, surtout les ménages qui n’ont pas un revenu permanent ou à faibles revenus. L’augmentation du prix du logement, l’offre limitée des terrains sociaux ont engendré un déséquilibre pour cette catégorie. D’où la prolifération des logements anarchiques. L’augmentation du coût du logement ne correpond pas à l’évolution du revenu des ménages.
L’AFH représente 25% de la production totale. L’autre part, à savoir 75%, est détenue par les lotisseurs privés. Selon le dernier recensement, 1.200 ha ont été approuvés pour l’aménagement en totalité. Depuis 2003, on est passé au niveau de la construction des logements à R+2 au minimum pour économiser le terrain. On doit réviser les plans d’aménagement, en tenant compte des différents réseaux. Les nouveaux lotissements doivent être orientés vers la construction verticale pour absorber la demande car on ne peut pas fournir, sans cesse, des terrains dont le nombre est limité. On doit préserver aussi les terres agricoles et les protéger.
La réhabilitation et la rénovation des quartiers vont assurer leur mise à niveau et créer une plus-value. Il y a tout un programme qui est en train d’être exécuté pour éradiquer les logements rudimentaires qui font l’objet d’un recensement. Déjà, on a achevé le recensement dans 21 gouvernorats et on a commencé l’éradication de ces logements dans cinq gouvernorats après lancement d’appels d’offres.
L’extension urbaine se fait parfois aux dépens des terres agricoles. Qu’avez-vous fait pour contrer ce phénomène ?
L’extension des villes se fait, en principe, selon les plans d’aménagement et après le travail du bureau d’études qui propose trois scénarios. Ceux-ci sont étudiés par les différents intervenants dont les communes en concertation avec le département de l’Etat et la société civile.
Le changement de vocation du terrain agricole émane de certaines catégories de la population qui ne peut pas acheter un terrain dans des zones, vu le coût élevé. C’est ainsi qu’on constate le développement des constructions anarchiques. La commune prend en charge, en général, ces constructions pour introduire les commodités nécessaires. Pour résoudre ce problème, il faut agir davantage au niveau du logement social et des lots sociaux.
Dans les régions intérieures, le logement n’est pas encore bien développé…
Le coût des matériaux de construction a augmenté durant la période 2007-2008. Le prix de l’acier pour béton a connu une évolution, par exemple, sur le marché international et cela se répercute sur le coût. Même au niveau national, la production de ces matériaux a connu une perturbation parfois non contrôlée. Le ministère a étudié des propositions relatives à la diminution du coût de construction, comme l’utilisation de nouvelles techniques de production, mais on n’a pas encore trouvé une solution en harmonie avec l’offre et la demande. On est en train de discuter avec nos partenaires en vue d’identifier des démarches permettant de diminuer le coût de construction.
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