Equité territoriale de la Tunisie ?Tout est à reconstruire…



La Révolution de la dignité et de la liberté, qui s’est exprimée par l’explosion d’une colère populaire, a révélé au grand jour une réalité amère mais pas totalement méconnue des Tunisiens, à savoir l’existence de deux Tunisie, l’une pauvre et l’autre riche, ou, comme le définissent des spécialistes de l’aménagement du territoire, d’une Tunisie à évolution géographiquement variable, ou encore, d’une Tunisie à deux vitesses. Dans tous les cas de figure, le développement tel qu’il a été conçu depuis des décennies souffre d’un anachronisme flagrant qu’il n’est plus possible de négliger si l’on veut que la Révolution du 14 janvier atteigne ses objectifs. Selon les spécialistes, tout est à reconstruire.

Ces derniers mois de soulèvements, de revendications et de contestations ont suscité nombre d’interrogations chez les spécialistes en matière de développement surtout, contraints, face aux événements, de remettre en question leurs programmes voire  leur vision du développement. Des initiatives en ont découlé pour tenter de trouver des réponses adéquates conformes aux attentes et surtout réalisables. L’une des  questions  examinées concerne la politique d’aménagement du territoire qui devra, dans un délai raisonnable et supportable, répondre à l’impératif d’instaurer l’équité territoriale de la Tunisie et l’équité socioéconomique des franges sociales. Des spécialistes dans différentes disciplines se sont proposé de poser le problème et en même temps d’évoquer des solutions en termes simples et précis : il s’agit notamment de «replacer l’arrière-pays dans un projet de territoire national», «d’élaborer une politique environnementale partagée par les habitants», de «repenser la ville dans son territoire pour une meilleure équité économique et environnementale » et « d’accompagner l’éveil de l’espace public tunisien». Ce sont là autant de suggestions que de thèmes de conférences et de débats que des scientifiques tunisiens ont programmé d’exposer et de discuter prochainement, soit du 17 au 19 novembre, dans le cadre d’un colloque interdisciplinaire auquel ils ont convié des experts en la matière, des  spécialistes internationaux de référence.


L’intention de ces scientifiques est d’aider le nouveau gouvernement provisoire à avoir une idée claire et précise sur l’état des lieux et des pistes bien définies pouvant faciliter les prises de décisions adéquates. Et à ce titre, il est opportun de saluer les experts étrangers qui ont accepté l’invitation   de faire le déplacement en cette  période où l’image de la Tunisie est prise comme cible par certains médias européens. Bien sûr, des universitaires, chercheurs et experts tunisiens seront de la partie pour approfondir la réflexion et les débats sur la décentralisation, la migration inter-régionale, le devenir des villes, la répartition des investissements publics, le rôle des partis politiques et de la société civile et pourquoi pas le contenu du discours politique qui a toujours du mal à se défaire de la langue de bois.  Les pistes proposées répondent en définitive à un souci majeur et très actuel qui consiste à repenser la politique générale de l’aménagement du territoire et les plans de développement économiques et sociaux régionaux, à redéfinir l’organisation et la fonctionnalité de la ville, et à intégrer dans tous les programmes futurs la composante participation du citoyen dans la réflexion, la planification et la décision, « Pour que la cité redevienne un espace de vie », intitulé d’une des conférences programmées. Les organisateurs tunisiens de ce colloque, qui se tiendra à la Cité des sciences à Tunis, sont soutenus par d’importants partenaires dans cette action dont le club Unesco Alecso Savoir et développement durable, l’Ecole nationale supérieure du paysage Versailles-Marseille et des institutions nationales d’urbanisme comme l’Enau et l’Isteub.

Source : La Presse
Auteur : Amel ZAIBI


 







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