
Le Tunisien commence à peine à découvrir ce produit importé d’Europe — comme tant d’autres — mais qui, longtemps, avait été interdit de séjour, sinon clandestinement — eh oui ! — par des autorités obtuses, frileuses, suspicieuses qui n’avait rien autant en horreur que de ne pouvoir contrôler les allées et venues des citoyens, leurs retrouvailles et, bien évidemment, leurs échanges. Mais, sitôt apparue dans le paysage, c’est-à-dire peu avant et, surtout après la Révolution, la formule connaît un engouement croissant.
En Europe même, où elle a fait son apparition dès la fin des années soixante-dix, cette nouvelle manière de pratiquer le tourisme est venue répondre à des aspirations nouvelles à un retour vers les choses simples, vraies, naturelles, tant dans les rapports entre les humains qu’avec l’environnement. Sur un plan purement technique, on va dire que l’origine de cette pratique se situe dans la formule très britannique du bed and breakfast ou, en Europe continentale, de la pension de famille.
B&B, comme disent les sujets de Sa Majesté, consiste à offrir l’hébergement pour une nuit ou plus assorti du petit déjeuner que l’on doit prendre dans la salle à manger ou à la cuisine, de manière à simplifier le service mais qui a pour résultat aussi d’instaurer des rapports de convivialité que le seul séjour ne permettrait pas. La pension de famille, elle est plus floue. Elle peut se limiter au seul hébergement comme elle peut déborder sur les autres aspects du quotidien avec ce que cela implique comme proximité mais aussi, éventuellement, de désagréments.
Un objectif : vous conquérir
Les prestations, souvent, débordent le seul cadre «hôtelier» et s’expriment en suggestions pour meubler votre temps de loisirs, des activités culturelles, ludiques ou sportives, par exemple, proposées par vos hôtes ou pratiquées dans le voisinage proche ou plus lointain.
Autant dire qu’à la fin de votre séjour, si bref soit-il, vous repartez avec la conviction d’avoir non seulement profité de manière optimale de ce que vous êtes venu chercher, mais aussi d’avoir enrichi votre capital relations humaines. Et c’est cela que n’offre pas l’anonymat ni la sécheresse des services des formules touristiques classiques, fussent-ils des clubs qui, de toutes façons, traitent des groupes plutôt que des individus.
Votre séjour en maison d’hôtes peut aussi être plus bref. Vous pouvez aussi vous y rendre à midi, ou le soir, juste pour un déjeuner ou un dîner que vous aurez commandé à l’avance et que vous pourrez prolonger pour le café. C’est que la maison d’hôte offre aussi la «table d’hôte».
Cette branche du tourisme que l’on dit «alternative» n’a pas encore été codifiée en Tunisie. En attendant un code que l’on dit imminent, ceux qui le pratiquent le font en s’inspirant de l’expérience européenne. C’est ainsi que l’on distingue, à côté du logement chez l’habitant en zones urbaines (chambres et maisons d’hôtes), les gîtes ruraux, les fermes-auberges, etc. Leur nombre va grossissant, ce qui traduit le succès de la formule parmi la clientèle tunisienne mais aussi celle européenne en quête d’authenticité et de proximité avec le milieu d’accueil. Mais, contrairement à ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée, il n’existe pas chez nous (pas encore ?) de labels pour classer ces établissements en fonction de leur nature et, bien entendu, de la qualité de leurs prestations. En attendant, ces critères sont, de fait, inscrits dans la pratique, ce dont atteste le succès de la formule car, pour une branche qui, pour l’instant, ne bénéficie d’aucun avantage, survie : égale succès, égale pleine satisfaction du client.
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