Passer d’une solution classique à une alternative porteuse de perspectives et d’un concept nouveau ne demande qu’un pas audacieux. Un pas que vient de franchir le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire afin d’atteindre un double objectif : lutter efficacement contre le chômage en pariant sur le potentiel tunisien, d’une part, et répondre au besoin du marché de l’emploi via la création de petites entreprises durables.
Il s’agit du lancement du programme national pour la création de petites entreprises dans le domaine de l’entretien des routes, qui, au bout de deux jours, a réussi à attirer quelque 700 intéressés. Ce programme pilote, ayant pour slogan : «De la régie directe à la création de l’entreprise», consiste en la création de 200 petites entreprises spécialisées dans l’entretien courant des routes. «Ce domaine d’intervention est si demandé qu’il importe de promouvoir la création de petites entreprises à même d’assurer les travaux de maintenance et d’entretien routier dans toutes les régions sans exception. Ces entreprises manquent sensiblement surtout que, pour ce qui est de l’entretien périodique des routes, nous faisons appel à de grandes entreprises chevronnées», indique Mme Ibtissem Bouattay, chargée de mission auprès du ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire et responsable dudit programme.
L’idée est aussi simple que révolutionnaire. Elle consiste à investir près de 20% du budget du ministère, alloué usuellement à l’entretien des routes dans l’implantation de petites entreprises spécialisées dans ce domaine. Quelque 200 entreprises verront le jour via une enveloppe globale de 30MD. Elles seront réparties sur tout le territoire en vue de décentraliser efficacement les travaux de l’entretien des routes, de lutter contre le chômage et de répondre aux besoins et du marché et du ministère en matière de compétences et de main-d’œuvre qualifiées.
Un programme gagnant-gagnant
Pour bien entamer ce programme pilote, le ministère a préféré focaliser l’intérêt, d’emblée, sur la création de 100 petites entreprises ; soit la moitié de l’objectif fixé. «Pour réussir cette première expérience, à savoir la création de 100 petites entreprises spécialisées dans l’entretien courant des routes, nous avons alloué quelque 15MD. Cette somme nous permettra de former les éventuels entrepreneurs, de les encadrer et de leur fournir des marchés importants sur une durée de trois ans. Quant au financement, nous sommes en train de négocier avec les bailleurs de fonds sur ce point. Encore faut-il souligner que les trois parties prenantes, à savoir le ministère, l’entrepreneur et la banque, seront tous gagnants», souligne Mme Bouattay. Et d’expliquer que le ministère contribuera au développement d’une filière prometteuse et fort demandée sur le marché, d’une part, et au renforcement de l’entretien des routes, de la propreté et de l’embellissement des villes. Le futur entrepreneur jouira de l’opportunité de monter sa propre entreprise en bénéficiant de l’encadrement et du financement. Il ouvrira la voie de l’intégration professionnelle à près de huit chômeurs. Pour ce qui est du bailleur de fonds, il sera remboursé systématiquement via les marchés commandés par le ministère et accomplis par l’entreprise.
La parité des chances
Mme Bouattay et son équipe ont pris soin de respecter deux principes-clés, à savoir l’égalité des chances entre tous les Tunisiens, toutes les régions mais aussi entre les genres. L’appel à candidatures prendra fin le 26 février 2016. Il sera suivi de deux étapes : la présélection et la sélection finale. Dans le premier cas, il s’agit de sélectionner 30 projets par gouvernorat. Puis, et en prenant en considération plusieurs critères, dont ceux qui sont sociaux, une sélection déterminante arrêtera la liste des 100 projets retenus ; soit quatre à cinq futures petites entreprises par gouvernorat. «Encore faut-il préciser que les projets proposés devront concerner trois spécialités, à savoir la rénovation de la signalisation, la propreté et l’aménagement des caniveaux et l’emploi partiel. Pour la première et la deuxième spécialité, le niveau d’instruction requis est celui d’un technicien supérieur ayant un brevet BTP. Cependant, pour la troisième spécialité, nous recommandons un niveau supérieur, soit l’ingéniorat ou la maîtrise», renchérit la responsable.
Une question de priorité
Outre le critère académique, le ministère table sur un ensemble d’exigences à caractère éthique et social. La responsable insiste sur l’honnêteté et le sens de la responsabilité et de la redevance. «Nous allons aider les jeunes à mettre leurs projets sur les rails et réaliser ainsi leurs rêves. Les éventuels bénéficiaires auront la chance de pouvoir monter leurs entreprises et recevoir des marchés commandés par le ministère trois ans durant. Ils sont redevables d’un travail consciencieux, de qualité, susceptible de garantir la pérennité de l’entreprise», ajoute Mme Bouattay.
Quant aux critères sociaux, ils ont pour finalité d’aider le jury à cerner les candidats prioritaires, notamment les chômeurs endurcis, les pères de famille sans revenus, etc. Il est à noter que la tranche d’âge fixée est de 25 à 40 ans. Les résultats finaux seront annoncés à la fin du mois prochain. Les 100 futurs entrepreneurs sélectionnés bénéficieront d’une phase d’accompagnement de trois mois (avril/juin ) au cours de laquelle ils recevront une prime mensuelle de 200 dinars, d’un stage et d’une session de formation assurée en collaboration avec le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
Source : La Presse