«Un seul dossier nous inquiète ; l’énergie, alors que la consommation des briqueteries représente pas moins de 60% de nos dépenses (20% pour le personnel et 20% pour l’entretien, l’amortissement, les impôts…), nous confie Mohamed-Salah Graiet, SG de la Chambre syndicale des produits rouges (CSPR).
En vérité, le secteur nécessite la mise en place de toute une stratégie visant l’amélioration des performances énergétiques de nos briqueteries à travers des solutions innovantes et de recyclage des déchets de fabrication et la présentation de possibilités de financements disponibles pour inciter les industriels à adhérer au programme de l’efficacité énergétique tout en profitant de l’assistance technique des pays développés dans ce domaine. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Nous ne sommes pas contre la levée de la compensation sur l’énergie, mais pas de la manière actuelle. Le ministère de l’Industrie et de l’Energie nous annonce qu’il a retranché 12% de la subvention sur l’énergie à partir du 1er janvier 2014 et qu’il va retrancher les 88% restants entre 3 et 6 ans. C’est trop étroit… les factures des grandes briqueteries s’élèvent de 300 à 400 mille dinars par mois en gaz et en électricité. Nous ne demandons pas moins de 10 ans pour que nous puissions avoir le temps d’y faire face. Surtout qu’entre-temps, le ministère nous a demandé de ne pas augmenter les prix de nos produits à la vente», regrette Graiet.
Devant cette charge de plus en plus grande, Graiet nous assure que la Chambre syndicale des produits rouges (CSPR) a adressé plusieurs correspondances à la Steg et au ministère de l’Industrie et de l’Energie. «Mais nous n’avons reçu aucune réponse et ce problème ne concerne pas uniquement les briqueteries, mais également les cimenteries, les verreries, les faïenceries… », poursuit notre interlocuteur.
Puisque les briqueteries tunisiennes ne procèdent pas à des stockages importants et que les exportations vers la Libye et vers l’Algérie ne se sont développées qu’à partir de 2010, la production réalisée est assimilée à la consommation.
La rareté des carrières
C’est dans ce contexte que Graiet analyse la situation : «Le marché tunisien a progressé de 2006 à 2009 à un taux de croissance moyen de 3,5%. Puis un taux d’évolution de près de 13% a été enregistré entre 2009 et 2010 lié aussi bien à l’augmentation de la capacité de production qu’au développement des exportations en 2010 vers les pays limitrophes, à savoir la Libye et l’Algérie. Les briqueteries étaient en crise et les prix étaient au plus bas mais la révolution a entraîné l’essor de la construction et nous en avons donc profité, même si c’est de manière artificielle car il y eut un retour de manivelle en 2014. Deux choses vont influer sur l’avenir des briqueteries : la rareté des carrières, la hausse de leurs prix et le remplacement de la brique par le béton et le plâtre. Le secteur des briqueteries est donc devant des difficultés de plus en plus grandes».
Ceci étant dit, Mohamed-Salah Graiet avait déjà recommandé à l’administration d’étudier des sujets comme l’utilisation du Pet-coke en tant que mélange avec la matière première, l’amélioration des performances des usines en intervenant sur le matériel existant à travers des audits énergétiques, la nécessité d’organisation d’actions de formation spécifiques sur les hélices ainsi que sur les variateurs de vitesse sur les grands moteurs des mouleuses, la manutention des wagons et le remplacement des garnissages. La CSPR a demandé une intervention auprès de l’ANME pour faire bénéficier cette action des subventions dans le cadre de la loi sur la maîtrise de l’énergie. Sachant que cette action a bénéficié auparavant de la subvention de l’ANME, la CSPR recommande au CTMCCV l’élaboration d’un cahier des charges technique spécifique pour l’acquisition des garnissages dans le cadre d’un appel d’offres groupé pour toutes les briqueteries intéressées afin de pouvoir réduire les prix d’acquisition de ces équipements, sachant qu’actuellement le prix d’acquisition est autour de 400 à 500.000 DT par wagon.
Source : La Presse