
L’alerte a été donnée il y a plusieurs mois par la société civile. Deux associations, l’Association des amis de Carthage et l’Association des riverains de Carthage, se sont beaucoup mobilisées pour sensibiliser la municipalité et l’Institut national du patrimoine quant à l’évolution catastrophique de la situation et la grave dégradation permanente des ports. En fait, c’est dans cette perspective que des journées d’études ont été organisées les 26 et 27 avril dernier au musée de Carthage, sur les hauteurs de la colline de Byrsa, par les deux associations.
L’engagement de la société civile en faveur du patrimoine et de l’héritage historique de Carthage a fini par susciter des réactions favorables des autorités. De la présidence tout d’abord et de la présidence du gouvernement ensuite. Une séance de travail et de concertation a réuni au palais de Carthage Adnen Manser, porte-parole de la présidence de la République, avec Leïla Ladjimi Sebai, présidente des Amis de Carthage, et Tahar Ben Mustapha, président des riverains de Carthage. La semaine passée, accompagné des ministres du Tourisme, de la Culture et de l’Equipement, le président provisoire de la République, Moncef Marzouki, a même effectué une visite de terrain aux Thermes d’Antonin et …aux ports puniques, «suite à laquelle décision a été prise pour former une commission mixte, cadres ministériels et société civile, afin d’étudier les divers problèmes de la gestion anarchique de l’ancienne cité punique. L’objectif étant d’appliquer la loi pour protéger l’environnement et l’intégrité de la ville», témoignent Leila Sebai et Tahar Ben Mustapha.
Urgent : appliquer le Plan de protection et de mise en valeur
Mais la vraie protection de Carthage consiste aujourd’hui, selon tous les spécialistes du patrimoine, à procéder à l’adoption au plus vite du Plan de protection et de mise en valeur (Ppmv), inclus dans le Code du patrimoine tunisien, que l’ancien régime avait bloqué pour faire main basse sur Carthage. Cet instrument juridique détermine la limite entre les zones archéologiques et celles constructibles et préserve des dizaines d’hectares non-aedificandi, selon les principes du Ppmv, dans un parc archéologique, à la fois réserve pour les chercheurs et espace de détente et de promenade pour les Tunisiens. L’application de ce plan élaboré depuis 1999 par une équipe d’historiens, d’urbanistes et d’architectes tarde à voir le jour. Entre-temps, la Cité antique, prise dans le tourbillon de l’anarchie post-révolutionnaire, continue à se dégrader…
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