Parce qu’il y a différentes facettes d’être architecte, l’Université Ibn Khaldoun a organisé, au mois d’avril, un évènement autour de la thématique « un Architecte, des métiers ».
Le cursus académique en architecture prépare les étudiants-architectes, en 6 ans, à l’obtention du Diplôme National d’Architecte et à l’inscription au tableau de l’Ordre des Architectes. Si la voie « commune » de l’exercice de l’architecture sous sa fonction libérale représente la voie toute tracée de ces études, il existe, tout de même, différentes manières de concrétiser ce parcours et de mettre à profit le diplôme d’Architecte.
Nous nous devons, en tant qu’enseignants, chercheurs et praticiens de l’architecture, de fixer les objectifs d’évolution théoriques et pratiques de notre discipline à moyen et à court termes.
« L’architecture est une tournure d’esprit et non un métier » Le Corbusier
Les études en architecture oscillent entre la rationnel et l’irrationnel, entre des moments qui appellent à la créativité, à l’artistique et à la conception, d’autres à la compréhension de phénomènes historiques, sociaux, géographiques et économiques… et encore d’autres moments où les étudiants sont appelés à la maitrise de la technicité, de l’ingénierie et de l’informatique. Cette pluridisciplinarité, complexe soit-elle, permet à l’étudiant d’acquérir plusieurs compétences aussi variées les unes que les autres.
En effet, brutalement touchés par les crises extérieures (économiques, sociales,…) et intérieures à la profession, les architectes se retrouvent face à de nouvelles exigences avec lesquelles ils doivent composer. Ils explorent depuis des décennies de nouvelles pistes afin de lutter contre les difficultés ainsi que dans l‘idée d’intégrer les nouvelles données qui viennent se greffer à leur profession.
Une question se pose : qui sont les architectes d’aujourd’hui ? Le marché du travail est en perpétuelle transformation se débouchant sur de nouveaux enjeux qui intéressent aussi bien le design que l’informatique, le marketing ou encore l’audiovisuel. De nos jours, être diplômé d’une école d’architecture ne veut sans doute pas dire exercer l’architecture en son nom propre et diriger sa propre agence. La pluralité des pratiques nous est alors imposée, une fois confrontée au marché du travail, et cette pluralité n’est le fruit que du rapport qu’il pouvait y avoir, à certain moment, entre une polyvalence enseignée et une personnalité/qualité qui caractérise chaque diplômé.
De nombreuses initiatives ont vu le jour traduisant une réelle prise de conscience de la part des professionnels de l’acte de bâtir. Effectivement, le métier de l’architecte s’est transformé devenant alors « les métiers » de l’architecte. Parler d’un architecte ne peut plus se réduire à celui qui conçoit un bâtiment au sein d’une agence. Des métiers en amont du projet se sont développés, ceux au sein même de la conception se sont multipliés, mais aussi et surtout les architectes qui s’orientent vers de nouveaux domaines sont de plus en plus nombreux.
Afin de comprendre ces besoins, nous tentons, à travers cet événement, de mener une prospection autour des métiers de l’architecte, dans notre pays, et de comprendre la réalité qu’il offre comme pratiques professionnelles. De cette investigation plusieurs profils ont été arrêtés :
le profil d’architecte chef d’agence, celui de Channel manager dans une logique de développement et de commercialisation d’un produit/marché…, l’architecte chercheur et enseignant, l’architecte designer, l’architecte fonctionnaire, l’architecte citoyen au profit d’association œuvrant pour le patrimoine, l’architecte pilote de projet, l’architecte artiste peintre, l’architecte écrivain, l’architecte spécialiste des médias, l’architecte éditeur ou l’architecte producteur/réalisateur…
Tous ces profils d’architectes ou ces métiers renvoient à une seule réalité ; et que les études en architecture apportent une certaine polyvalence qui permet aux jeunes diplômés de tracer leur chemin autrement du modèle prérequis.
Comment préparer ainsi nos jeunes d’aujourd’hui à cette pluralité de la pratique ? Quels sont les savoirs et les savoir-faire qui doivent être transmis dans les écoles d’architecture d’aujourd’hui pour se préparer aux différents métiers de demain ?
Face à cette réalité, quelle serait la meilleure des manières pour réformer l’enseignement de l’architecture jugé parfois dépassé et archaïque ?
Pour répondre à toutes ces questions, nous entreprenons, par cet événement, de traiter la problématique par ses résultats et ses finalités en s’adressant directement aux différents profils de jeunes architectes exerçant à leur manière l’architecture et tirant profit de leurs diplômes. La richesse des entretiens entrepris avec ces profils aussi intéressants les uns que les autres, n’a permis encore une fois que de concrétiser la splendeur de cette profession qu’être architecte.
La journée thématique « Un architecte, des métiers » a eu pour objectif de tenter de comprendre les représentations plurielles des métiers de l’architecte, de réfléchir en guise de conclusion aux contenus d’enseignements qui doivent être fournis aux étudiants d’architecture en vue de les préparer aux métiers de l’architecte.
Texte : Ferdaws Belcadhi, Architecte docteur HU en architecture – Directrice des études, UIK
Article paru dans Archibat n°51 – Avril 2021