« L’auteur de cet article et la direction d’Archibat s’associent au deuil des peuples marocain et libyen et leur présentent leurs sincères condoléances. »
En l’an 2023, le récent séisme d’El Haouz au Maroc, les gigantesques incendies de forêt en Grèce ou les inondations liées au cyclone Daniel en Grèce et à Derna en Lybie sont, selon les scientifiques, des signes de bouleversements climatiques à l’échelle mondiale, sans oublier les années consécutives sans pluie en Somalie et en Erythrée, ni les tempêtes tropicales, les ouragans, les pluies d’orage, les sécheresses, les séismes et les éruptions volcaniques à répétition dans le golfe du Mexique et aux Caraïbes. Pas une semaine ne se passe désormais sans qu’une catastrophe de même ampleur ne soit à déplorer quelque part sur le globe terrestre. Et chacune apporte son lot de morts violentes, de blessés, de sans-abris et d’infrastructures réduites à néant. Il n’est pas question ici de comptabilité morbide, mais ces dégâts humains et matériels sont probablement supérieurs à ceux des guerres d’un autre temps et inutiles en cours, ici ou là. L’homme a déclaré la guerre à la nature et elle le lui rend bien sans qu’on puisse prédire qui en sortira vainqueur. Les planificateurs de l’espace et constructeurs du monde entier s’associent régulièrement aux deuils, déplorent les crises, mais surtout ils rappellent aux décideurs leurs fondamentaux et les principes conceptuels à l’origine de la résilience des populations, des villes et des territoires.
A l’échelle des territoires, la dispersion des populations et l’enclavement sont les principaux facteurs d’arriération et d’exposition aux risques naturels.
L’enclavement des populations rurales est la source de l’arriération économique et culturelle de ce milieu, et il s’est avéré que de nombreuses victimes, mortes sous les décombres des séismes, auraient pu être sauvées avec une accessibilité plus aisée et plus rapide aux lieux d’habitat sinistrés. Par ailleurs, la dispersion de l’habitat rural en zone montagneuse est aujourd’hui à l’origine de cet enclavement et correspond de nos jours à une aberration de l’aménagement du territoire. Aucun pays ne peut prétendre faire parvenir les commodités du monde moderne (eau potable, électricité, logement sûr, écoles et locaux de soins) à toutes les populations des hameaux des montagnes ou des ilots microscopiques parsemant certains archipels. Des solutions de regroupement progressif et volontaire des populations éparses ont été souvent proposées sans trouver d’écho auprès des autorités. Les séismes ne sont pas encore prévisibles dans leur localisation précise ou par leur ampleur. Toutefois, on sait de source scientifique que là où il y a eu un séisme majeur, il y en aura d’autres, au moins aussi importants. Pourquoi et comment reconstruire dans les mêmes lieux ravagés ? De même, les cyclones sont récurrents dans à peu près les mêmes régions du monde cassant tout sur leur passage. Et pourtant, on continue à y (re) construire avec les mêmes techniques et les mêmes matériaux dans des pays très pauvres comme le Bangladesh ou dans d’autres pays beaucoup plus riches comme le sud des États-Unis. (…)
1 – Cet article fait écho à plusieurs autres écrits – voir notamment l’article « Villes et territoires post covid, la nécessaire transformation » – et correspond à une invitation à réfléchir et à prendre les problèmes à bras le corps pour ne pas avoir le prétexte de dire « on ne savait pas ».
Par Rachid TALEB, Urbaniste diup et Architecte dplg
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