Présentez-vous svp ?
Mehdi Kattou, architecte de formation et de profession pendant de longues années, actuellement je tente d’autres domaines.
Pouvez-vous nous parler de votre cursus académique et professionnel ?
J’ai fait l’école Nationale d’Architecture et d’Urbanisme après un baccalauréat où la famille tentait de me faire faire autre chose notamment des études de médecine ou de médecine dentaire. C’était un choix, une volonté, l’ENAU, quelques stages à l’étranger avec l’UMAR et d’autres en Italie. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai commencé à travailler avec Mohamed Ali Ben Soltane et Mourad Zoghlami et après j’ai ouvert mon propre bureau et on a travaillé sur un certains nombre de projets
Comment pouvez-vous définir votre profil ?
Je suis un assoiffé de renouvellement, j’ai toujours tendance à me lasser assez rapidement et à vouloir faire de nouvelles choses même dans un même milieu, même en architecture. En maîtrisant un aspect de l’architecture, j’essaye de m’aventurer sur d’autres chemins assez tortueux et de faire autres choses. J’aime jouer à l’accordéon et faire un tas de choses en même temps : la communication, l’architecture, les médias, les stratégies ou encore l’écriture. Bref, je m’ennuie assez rapidement, je suis un hyperactif, j’ai besoin d’aimer ce que je fais au quotidien. Je ne peux pas me réveiller chaque matin en faisant une chose où je traînerai la patte quelque part même si ça rémunère bien, même si ça offre une certaine stabilité, un plan de carrière. En fait, quelque part, j’aime la prise de risques, le danger, les challenges, les défis. J’aime découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes. Je déteste l’ennui, je lutte contre l’ennui.
A quel moment de votre cursus avez-vous décidé de suivre cette voie ?
L’architecture a commencé très tôt. D’abord, l’admiration et le rêve autour du bâtiment dans l’absolu. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui étaient férus d’architecture mais surtout de décoration. Il y avait des milliers de magazines de décoration à la maison dès mon plus jeune âge. Par la suite, est venu se greffer à ça, une certaine aptitude dans les études techniques et le dessin technique. J’ai un frère qui a 4 ans plus que moi et j’adorais faire ses devoirs à lui quand je n’avais pas encore eu de contact avec les études techniques.
Déjà, il y avait un terrain favorable et, naturellement, on essaye de cultiver les choses où on se sent relativement à l’aise. J’ai toujours voulu faire de l’architecture, et je me rappelle encore du premier bâtiment que j’avais dessiné étant jeune ; le Chrysler Building à New York et ça m’avait marqué, d’ailleurs je conserve toujours ce dessin. Pour la communication, c’est venu très tôt également, c’était lors d’une visite dans les studios de RTCI, j’accompagnai mon père qui était invité, je me mets à côté d’un monsieur, qui me parlait, c’est venu naturellement et là on sortant il me proposait d’intégrer l’équipe… et depuis l’aventure a démarré, j’ai fait 12 ans à RTCI, j’ai enchainé depuis 7 ans à Express fm, quasiment toutes les télés tunisiennes et la production également.
Ça m’avait mis le pied à l’étrier et j’adorais vivre les événements de l’intérieur, connaitre du monde, voir le back-office. J’adorais voir les coulisses et les dessous. Il n’a jamais été question d’en faire un métier ou de voir des opportunités. D’ailleurs on était très mal payés à RTCI, c’était vraiment la passion qui était la force motrice, je m’éclatais et je m’éclate toujours d’ailleurs. J’arrête de faire les choses quand je ne m’éclate plus…
En quoi votre formation d’architecte était favorable pour forger votre compétence et votre ouverture d’esprit ?
La polyvalence…beaucoup de polyvalence, être capable de gérer plusieurs aspects, plusieurs corps de métiers en même temps, arriver à livrer dans les temps, gérer la pression, les deadlines. Je trouve qu’il y a beaucoup de similitudes entre les médias et l’architecture sur ce côté chef d’orchestre. Lorsqu’on est dans la production, lorsqu’on est en front-line de toute production télévisuelle ou radiophonique, il y a beaucoup de travail qui a été fait. On pourrait transposer les APS, les APD et les dossiers d’exécution sur les médias également, ça part du synopsis qui est l’esquisse quelque part, jusqu’à la réalisation et l’enregistrement et le fameux « coupé ».
Je trouve que ça se ressemble énormément et pendant de très longues années, l’un m’a permis de me maintenir dans l’autre.
Ça m’a servi de soupape quelque part. Le fait de respirer par le biais de médias pendant que je faisais de l’architecture me permettait de revenir vers l’architecture avec toujours autant de passion et le fait d’avoir l’architecture me permettait également de vivre les médias avec plus de plaisir. C’était complémentaire et ça m’a permis de cultiver aussi bien l’un que l’autre.
Comment se manifeste le regard et l’esprit critique de l’architecte dans vos débats, modération, interview… ?
L’attention portée aux détails, un terme, une virgule, une réflexion, on ne laisse rien passer, il y a une certaine rigueur, un certain éveil perpétuel, on fait attention à tout. C’est là où je retrouve beaucoup d’architecture dans la modération.
Pouvez-vous nous parler de vos livres ?
Ce sont mes bébés, un exutoire, une thérapie, un plaisir très personnel que je partage, il y en a eu d’autres qui ont été écrits, que j’estime un peu trop intimes pour être partagés avec tout le monde. J’ai sauté le pas pour « Chronique d’une révolution avortée » et « l’éveil ». Je le répète, c’est une vraie thérapie, je me fais plaisir, je me fais du bien, j’exprime des idées, j’exprime des opinions, et j’adresse des invitations justement à la réflexion et au questionnement.
Comment arrivez-vous à vous imposer dans ce domaine ?
En fait, je ne me pose pas trop la question. On essaye de faire de son mieux, on essaye de rester fidèle à ses principes, à ses valeurs, parce que les tentations sont énormes pour dévier au prix d’audience et d’autres rétributions. Il suffit d’être authentique, d’être soi-même, de donner le meilleur de soi-même, et après s’auto-challenger, revoir ses ambitions à la hausse, et essayer de rester fidèle à soi-même. Il n’y a pas de secret : travailler, travailler et travailler.
Un mot pour nos futurs architectes ?
Je leur dis que vous faites des études formidables qui vont peut-être déboucher sur un métier ou plutôt une passion et une vocation. Aimez ce que vous faites, profitez de ce que vous faites, parce que sincèrement l’architecture est l’une des plus belles choses qui me soit arrivée. Et l’apprentissage, l’impact et le rayonnement de l’architecture dépasse le simple exercice de l’architecture. Je vous souhaite beaucoup d’énergie, beaucoup de succès, beaucoup de réussite, pas de chance car la chance n’a rien à voir là-dedans.
Article paru dans Archibat n°51 – Avril 2021