Situé en plein cœur de Carthage, quartier à la fois résidentiel et commerçant, à proximité de la mer, notre projet a pu être enfin réalisé, réflexion de plusieurs années avec mon époux propriétaire des lieux et moi même Architecte de ce projet.
Il s’agit d’une ancienne boulangerie artisanale construite par des maîtres d’oeuvre italiens à l’ancienne. Cet immeuble à usage de four-boulangerie fut exploité et connu sous le nom de “BOULANGERIE DE SAINT-LOUIS” et a été racheté en 1950.
Réputée parmi les résidents carthaginois et de la région, elle fonctionna jusqu’en 1990 et depuis a été désaffectée de sa fonction initiale.
Le projet de reconversion de ce lieu chargé d’histoire a consisté à le transformer en un espace de vie atypique de type “LOFT”.
“En réhabilitant ce lieu c’était aussi rendre hommage à un passé en se tournant vers le futur”.
Cette ancienne boulangerie d’une surface de 170 m2 était équipée de 2 grands fours construits selon les procédés traditionnels ; Ils occupaient plus de 50% de l’espace utile. La conception et la transformation de ce lieu furent tout d’abord axées sur ces 2 grands fours destinés à la démolition qui réserva des surprises majeures et contribua à la conception architecturale d’espaces spécifiques.
La mise en valeur d’éléments caractéristiques et spécifiques à la mémoire du lieu, l’usine à pain, a été essentielle pour la conception architecturale du loft et par conséquent lui a attribué un style atypique.
Les briques réfractaires
Une grande partie des briques réfractaires a été récupérée et réutilisée en revêtement mural du mur de façade du jardin terrasse intérieur à l’entrée du loft.
La frise soulignant la bouche des fours
Une partie de la frise murale qui couronnait les 2 fours, composée de briques en saillies a été sauvegardée, nettoyée et rénovée.
“Optimiser la lumière naturelle pour un espace lumineux” a guidé la conception du plan de l’espace qui a été dictée par la nécessité de faire pénétrer au maximum la lumière du jour et de permettre une bonne ventilation.
L’espace du Loft est entièrement éclairé et ventilé grâce aux grandes baies vitrées sur toute la hauteur ouvrant sur le jardin terrasse à l’entrée, grâce aux grandes fenêtres occupant tout le pan de mur qui donne sur la rue latérale, grâce aux sky-dômes ouvrants et inondant de lumière zénithale une grande partie de l’espace.
La grande hauteur sous plafond existante a elle aussi été essentielle pour l’organisation de l’espace et sa fonctionnalité et a permis de :
Créer une mezzanine
Ainsi, le niveau en mezzanine constitue l’une des principales transformations. Pour cela il a fallu procéder à creuser une hauteur de 1 mètre environ pour créer un volume permettant de concevoir 2 chambres, une en mezzanine et l’autre en dessous avec une hauteur respectable et bénéficiant toutes les 2 de grandes baies ouvrantes sur la façade sur rue.
Les plans d’Architecture ont été établis et déposés à la Commune de Carthage (dossier du permis de bâtir) qui fait intervenir l’INP, Institut National du Patrimoine, comme l’exige toute nouvelle construction ou rénovation en zone urbaine. La présence des archéologues de l’INP a duré 2 à 3 mois, le temps de superviser la fouille et d’établir leur rapport technique, la fouille ayant révélé l’existence de citernes romaines.
Créer des rangements en hauteur
Créer un faux plafond pour l’éclairage
Le contraste blanc et couleur brique, couleurs dominantes a été l’élément d’inspiration pour le choix des revêtements qui a été celui du “keddhal”gris approprié pour le sol, les marches d’escalier et mural dans une salle de bain. La céramique blanche comme revêtement mural a été choisie en plusieurs variantes selon les espaces (grands et petits carreaux, carreaux biseautés nommés “metro”).
Les deux grandes plaques murales en marbre représentent des éléments dominants de décoration. L’une nommée Marbre ”Forest brown” a été posée sur le mur principal du petit séjour surélevé, ancien four. Les diverses veines ramifiées du marbre sont de couleur brune, marron, rouge foncé et ainsi rappellent le feu, les briques réfractaires etc……
« L’expérience de ce chantier dans ma carrière d’Architecte m’a procuré une grande satisfaction pour son vécu quotidien de création dans le suivi du chantier depuis la phase de démolition puis celle de la reconstruction de tous les espaces d’habitation« .
Un lieu reconverti, fonctionnel, confortable de la « Koucha » qui reste gravée dans la mémoire de nombreux résidents carthaginois.
Texte et Documents graphique : Myriam Mestiri, Architecte
Article paru dans Archibat n°62 – Octobre 2024, vous pouvez le commander ou vous abonner en ligne : https://archibat.info/shop/