Le BIM (Building Information Modeling) a évolué au fil des années. Mais est-il devenu un outil structurant pour le cycle de vie des bâtiments ? Nos observations lors de BIM World 2025 offrent un éclairage à ce sujet.
BIM : une définition
Le BIM désigne la modélisation d’un actif bâti. Il se matérialise par une maquette numérique 3D enrichie d’une multitude d’informations. Le BIM est également un processus de conception et de structuration des données du projet visant à améliorer la collaboration entre les parties prenantes et, en fin de compte, la qualité du projet.
L’objectif ultime est d’utiliser le BIM depuis la conception jusqu’à l’exploitation du bâtiment. Les clients espèrent une phase de conception où chaque bureau d’ingénierie modélise ses propres éléments, et où la détection des conflits identifie les problèmes entre disciplines avant le début de la construction. Les exploitants, quant à eux, rêvent d’un fichier DOE (Dossier des Ouvrages Exécutés) en 3D lié à un logiciel de maintenance des équipements.
Alors, dix ans plus tard, avons-nous atteint cet objectif ?
Les jumeaux numériques
Certaines autorités publiques n’ont pas attendu le BIM pour comprendre la valeur de la numérisation de leurs actifs. Certaines ont choisi de scanner leur territoire ou leurs actifs existants pour créer des répliques 3D. Les avancées technologiques ont permis l’ajout de cartographies photographiques pour texturer ces modèles 3D.
- Genève : a introduit un cadastre numérique dès les années 1970. Aujourd’hui, la ville dispose de 1 300 ensembles de données utilisés pour planifier le développement urbain et évaluer l’impact des demandes de permis sur l’environnement existant. Le service d’urbanisme utilise le modèle 3D pour vérifier comment les soumissions de permis remplissent le volume de construction autorisé.
- Strasbourg : dispose désormais d’un service de géomatique comptant pas moins de 33 membres. Il met à jour ses données de modèle 3D tous les 4 ans et a établi des partenariats avec des fournisseurs locaux d’électricité et de gaz pour financer les mises à jour de la base de données.
- La Région Grand Est (France) : a placé le BIM au cœur de la gestion et de la rénovation de ses actifs immobiliers. La région a numérisé ses bâtiments en 3D, complétés par de nombreux capteurs sur des équipements tels que les chaudières et les compteurs. Les cas d’utilisation incluent la détection précoce des dysfonctionnements techniques et les interventions de maintenance à distance, la détection des fuites d’eau, la quantification rapide des surfaces des encadrements de fenêtres et la planification des remplacements nécessaires. Elle a également développé une charte BIM obligatoire pour ses contrats — désormais à sa version 17, ce qui souligne l’importance du sujet.
- Monaco : probablement l’exemple le plus impressionnant. La principauté a numérisé l’intégralité de son territoire — 1 500 bâtiments modélisés avec leur contexte. Les concepteurs peuvent accéder au modèle 3D du territoire pour affiner l’intégration de leur projet. En échange, les architectes doivent fournir le modèle 3D des bâtiments soumis à l’approbation de l’urbanisme. Le modèle du territoire est ainsi enrichi et mis à jour au fil du temps.
Le BIM vu par les architectes
Bien que l’événement ait principalement mis l’accent sur les solutions numériques, une conférence s’est démarquée : « La vision des agences d’architecture : retours d’expérience et nouveaux défis ». Lors de la phase de conception, le BIM a principalement pris racine chez les architectes, qui coordonnent généralement diverses disciplines (ingénierie structurelle, services publics, aménagement paysager, MEP, etc.). En conséquence, de grandes agences ont créé de nouveaux départements BIM, introduisant de nouveaux rôles tels que Coordinateur BIM, Modélisateur BIM, Responsable BIM…
Des agences d’architecture telles que Patriarche Augmented Architecture, Brunerie Pragma, AIA Life Designer et PCA-Stream ont exposé avec clarté une approche partagée et des méthodologies similaires.
Structuration des données
Bien que les agences fassent la distinction entre les « volontaires » et les « contraints » du BIM, elles s’accordent sur la nécessité de structurer les données pour assurer la continuité numérique tout au long du cycle de vie du bâtiment. Elles soulignent également l’importance de la collaboration entre les différentes parties prenantes et la nécessité de former les équipes aux outils et processus BIM.
Source : Cooperlink construction Blog
Pour consulter l’article original en anglais, vous pouvez suivre ce lien : 10 Years of BIM: Where are we and what challenges remain?