Le projet de développement des parcelles A et B des berges du Lac Nord de Tunis vient couronner une expérience longue de plus de quatre décennies de la société d’économie mixte Al Buhaira Invest. Il s’agit d’imaginer le futur de 110 hectares en prolongement immédiat du centre-ville de Tunis et de l’axe Habib Bourguiba.
Visant à nourrir la réflexion sur ce site stratégique de la rive nord du Lac, quant aux enjeux
et potentiels, des débats fructueux ont été menés à Tunis entre les acteurs de la société civile et la société Al Buhaira Invest, maître d’ouvrage du projet d’aménagement, sous la direction de Mohamed Ridha Trabelsi – Directeur Géneral, Jalel Ben Amor – Directeur de l’urbanisme et avec le groupement AViTeM et Amel Souissi Talbi, l’AViTeM, Agence des Villes et Territoires Méditerranéens Durables, représentée par Marie Baduel et Amine Benaissa comme assistance à maitrise d’ouvrage pour les phases de la consultation internationale pour la conception du projet.
Un document de synthèse des premiers débats menés à Tunis entre les acteurs de la société civile et la société Al Buhaira Invest, maître d’ouvrage du projet d’aménagement est désormais rendu public et intitulé Le Lac Demain.
Ce document synthétise les visions et les attentes qui furent exprimées pour cette opération considérée comme une opportunité unique pour Tunis et la Tunisie.
Il constitue un apport important pour la conception d’un aménagement en phase avec les aspirations des Tunisois et Tunisiens et en accord avec les perspectives locales et nationales de développement. De plus, ce document est un volet du futur cahier des charges de la consultation internationale à venir, destinée à proposer des visions d’avenir de ce site stratégique. Cette consultation se déroulera, sous forme d’une procédure de dialogue compétitif mobilisant les compétences et références d’équipes de maîtrise d’œuvre pluridisciplinaires associant concepteurs internationaux et locaux.
Les dialogues avec la société civile, ont porté sur les enjeux urbains, écologiques, économiques et sociaux du territoire des parcelles A et B, sur la fonction particulière de ce territoire dans le devenir des berges du Lac Nord, de l’ensemble de la ville et de la Métropole de Tunis, ainsi que sur sa possible contribution au développement du pays dans l’espace méditerranéen. Il en a résulté des propositions convergentes mais aussi certaines interpellations qui, traduisent avant tout, par-delà la pluralité des analyses, la forte mobilisation des acteurs locaux autour de l’avenir de ce secteur, stratégique à bien des égards.
Il a émané des dialogues participatifs des attentes – si ce n’est des insistances de la société civile – pour que ce site soit porteur d’une forme d’exemplarité, et agisse en porte-drapeau sur les questions de durabilité et de cohésion sociale.
Les avis convergent, eu égard à l’impact du changement climatique en Tunisie, sur la nécessité et l’urgence d’amorcer une refondation urbaine qui montre la voie de la transition écologique et qui participe de la qualité environnementale de la ville dans sa globalité.
L’opération des secteurs A et B peut répondre à une logique internationale qui conforte une économie méditerranéenne en mutation. Elle est perçue potentiellement comme un laboratoire et une vitrine de la ville durable. Elle est vue comme une rare opportunité d’accélérer la mise à niveau de la métropole du Grand Tunis au diapason des standards internationaux : programmes tertiaires de haute qualité environnementale, et programmes résidentiels écologiques, nouveaux formats collectifs de l’activité productive (tiers lieux, fab lab), offre commerciale à ciel ouvert, espaces publics exceptionnels.
Une autre dimension fondamentale de l’internationalisation de la métropole demeure parallèlement la consolidation du système portuaire. Le projet pourrait pertinemment s’orienter vers des services tertiaires d’un « smart-port », moteur d’une qualification d’un archipel portuaire entre ce quartier de Tunis, l’ancien port de Tunis, dont le devenir est essentiel à la conception du projet, Radès et La Goulette. Il s’agit donc de penser un projet mondialisé qui conforte les identités du lieu et de la Tunisie.
Le projet de développement des secteurs A et B est donc vu comme une chance pour resituer le lac (et le berges) comme territoire phare pour le déploiement d’une économie verte et bleue. Expérimenter, déployer, exposer – la ville bio-climatique est en soi un challenge économique et social majeur. Tout en jouant l’internationalisation, l’aménagement du site doit être un moment de développement et de savoir-faire des acteurs et des populations locales.
La présentation de l’opération de développement des parcelles A et B des berges du Lac Nord de Tunis sera faite lors du Forum des projets Urbains, à Marseille le 1er Juillet 2022 lors d’un atelier qui sera animé par Marie Baduel, Amine Benaissa, Jalel Ben Amor, Konstantia Nikopoulou (Medcités), Hatem Ben Kedim (Chef de cabinet ville de Tunis).
Texte : Amel Souissi Talbi, Marie Baduel et Amine Benaissa
Article paru dans Archibat n°54 – Mai 2022
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