Dans un monde où les enjeux environnementaux exigent des réponses immédiates et efficaces, il est crucial de revisiter et de réévaluer nos pratiques de construction, particulièrement en Tunisie. Riche de son héritage historique, la Tunisie se trouve à l’intersection entre la nécessité de préservation et l’innovation en matière de développement durable. Redécouvrir et remettre au goût du jour les techniques de construction ancestrales, telles que l’usage de la terre et de la paille, pratiques autrefois répandues parmi les communautés tunisiennes, représenterait une solution pertinente pour le développement durable du pays.
Dans ce contexte, le projet de construction d’un mur en pisé dans une ferme près de Msâken, en utilisant la technique traditionnelle du ṭâbiya, illustre parfaitement la viabilité et la pertinence de ces méthodes ancestrales. Ce chantier, mené dans le cadre d’une collaboration entre chercheurs et artisans locaux, met en lumière la richesse de ce savoir-faire et sa capacité à répondre aux défis actuels.
La terre crue, depuis longtemps utilisée dans l’architecture tunisienne, est une ressource naturelle qui mérite une réévaluation dans le contexte actuel. Ses qualités d’isolation thermique sont exceptionnelles, fournissant une alternative écologique avantageuse face aux matériaux de construction industriels souvent énergivores. La construction en terre, qui a traversé les âges, symbolise un savoir-faire artisanal et un mode de vie en harmonie avec l’environnement.
La paille, quant à elle, est un matériau traditionnellement utilisé pour son isolation et sa durabilité. Les progrès récents dans les études de sécurité, y compris ceux réalisés par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) en France, ont prouvé que les constructions en paille peuvent répondre aux normes de sécurité incendie pour les bâtiments recevant du public.
L’adoption de ces matériaux et techniques traditionnels dans les méthodes de construction modernes en Tunisie pourrait non seulement contribuer à un virage écologique nécessaire, mais aussi à une renaissance culturelle, valorisant des pratiques éprouvées au fil des siècles. Pour réaliser cette intégration, il sera indispensable de mettre à jour les normes de construction actuelles et d’offrir une formation spécialisée aux artisans et constructeurs.
Ce plaidoyer pour un retour aux techniques de construction ancestrales, tout en s’alignant avec les impératifs écologiques modernes, propose une alternative viable et économique, tout en préservant l’intégrité de l’histoire et de la culture tunisiennes. La réintégration de ces méthodes pourrait être une étape décisive vers un avenir respectueux de l’environnement et des traditions du pays.