Réfléchir sur l’avenir de Sfax aujourd’hui appelle à considérer tout d’abord trois processus importants et simultanés qui sont actuellement entrain de modifier profondément le territoire de Sfax et les modes de sa gouvernance. Ces processus sont la métropolisation, l’émergence de l’échelle régionale et locale dans le développement (territorialisation de la planification) et la décentralisation. Ces processus – qui sont en cours – produisent des effets urbains, économiques et organisationnels qui nécessitent un positionnement pro-actif. Une réflexion stratégique sur l’évolution de Sfax se doit d’intégrer les réflexions nécessaires sur les actions en rapport avec ces transformations profondes.
La métropolisation est un processus en démarrage dont les implications touchent la ville (nouvelles fonctions dans la ville) ou son repositionnement dans le système économique et d’aménagement du territoire ; la capacité de Sfax de polarisation de son arrière-pays, de tisser de nouveaux rapports aux villes périphériques, aux aires périurbaines et au monde rural sont des enjeux importants de ce processus. La métropolisation nécessite également la mise en place de services urbains performants, d’une gouvernance urbaine efficiente et d’un aménagement urbain de qualité.
Il convient de repenser le modèle de développement, d’en dessiner une vision claire qui prend appui sur les avantages compétitifs du territoire. Il est important ici de superposer les échelles d’analyse ; celle de la ville, de l’agglomération et de la région. Des stratégies locales et régionales de développement sont à mettre en œuvre pour guider le processus et des mécanismes de suivi, d’évaluation et de lobbying sont nécessaires pour le réaliser.
En termes de décentralisation, il convient de réformer le modèle de gouvernance, de mettre en œuvre un découpage administratif multi-échelle, non seulement pour donner l’opportunité à de nouvelles entités pertinentes de s’exprimer, mais également pour optimiser la coordination entre les acteurs à tous les niveaux. Il est important ici de redéfinir les rapports de la région vis-à-vis du centre et de favoriser une intercommunalité avancée et une solidarité entre les communes. La décentralisation doit être l’occasion de disposer du savoir nécessaire émanant des ressources humaines qualifiées. Elle ne doit pas être entendue uniquement comme une réforme administrative mais comme le moyen de capitalisation de l’expérience et de mutualisation du savoir-faire. La décentralisation a besoin de la production d’élites locales et régionales et la mise en œuvre de modes performants de participation aux affaires locales et régionales.
Par Yassine TURKI, Ingénieur Urbaniste Expert CILG-VNGi
Article paru dans Archibat tiré à part Sfax à l’horizon 2050 – Juin 2016