Pour la culture de l’époque, les connaissances ésotériques constituait la sagesse la plus profonde, mélange syncrétique de philosophie et de science grecque, de « sagesse orientale », d’alchimie et de mysticisme. Elle porte tout ce halo de symboliques divers et concordants.
Au sein du microcosme de l’art, cette spirale devint la matérialisation même de l’ésotérisme par sa présence cachée qui permettait de penser que le vulgaire dans une œuvre s’arrêtait aux apparences, au sujet, à l’anecdote, au monde représenté et au monde réel.
Rien de telle que la biomie pour se rendre compte que cette théorie s’affirme dans une multitude d’exemples dont le plus empirique est celui de l’abeille. De ces principes est né spontanément l’épannelage symbolique qui, grâce aux lois de la thermodynamique, de la bioclimatique et de la bio-épuration crée l’atmosphère propice au recueillement et à la méditation.
Dans un lieu de culte, cette dimension de lecture impose un volume généré par le mouvement de la spirale, et agit en réconciliateur formel avec l’assiette trigonale du projet. Il faut accéder au « monde autonome » de l’œuvre pour que formes et couleurs gardent leur liberté par rapport au « texte », tout en étant, chacune, à la place qu’elle doit occuper.
La forme architecturale n’est autre que la simple respiration naturelle de l’édifice à savoir : les ouvertures multidirectionnelles au sous-sol assument le rôle de dispositif de captage d’air, de sa bio-épuration par leurs végétalisation et de sa régulation hygrométrique à l’entrée de la salle des prières. La forme circulaire facilite la trajectoire de la brise à l’intérieur de l’ensemble du volume grâce à la convection naturelle, la coupole écaillée favorise la respiration nocturne et un apport de lumière indirecte, et le minaret par sa forme d’entonnoir accélère l’évacuation de l’air chaud grâce au phénomène de Venturi.
L’inertie à l’intérieur des volumes est assurée par les blocs de terres comprimées et le chauffage est provoqué par effet radiatif du mur du mihrab à l’intérieur duquel circule un serpentin de fluide relié à une source de chaleur basse tension.
Le soir, l’ambiance apaisante est obtenue par le reflet de la lumière artificielle sur le revêtement du sol. Tout accès de l’extérieur vers le lieu de prière est prolongé par un parcours balisé de plantation dense ayant toujours un olivier en perspective, dans le but de provoquer la rupture avec le contexte urbain et d’aider le pratiquant à la purification de l’esprit avant de s’abandonner au divin.
Architecte : Ahmed Lotfi Rejeb
Situation : El Manar 1 – Tunis
Maitre d’Ouvrage : Ministère des Affaires Religieuses
Ingénieur Structure : Imed Mbazaa
Bureau d’études Électricité et Fluides : Securas
Entreprise : SODEBAT
Pilotage : Hichem Abdelkefi
Texte : Ahmed Lotfi Rejeb – Photos : Studarchi
Article paru dans Archibat n°50 – Novembre 2020