Le secteur de la construction en Tunisie, à l’instar de nombreux pays en développement, se trouve à un carrefour critique, confronté à la nécessité d’accélérer son développement économique tout en faisant face aux impératifs de la durabilité environnementale. La croissance rapide de l’urbanisation et de l’économie a propulsé ce secteur au rang de l’un des plus importants émetteurs de carbone au niveau mondial, soulignant l’urgence d’une transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Les émissions de carbone liées à l’environnement bâti se répartissent principalement en deux catégories : les émissions opérationnelles, générées par l’utilisation des bâtiments, et les émissions incorporées, issues de la production des matériaux de construction et des travaux de construction eux-mêmes. Alors que la Tunisie est identifiée par l’Emissions Database for Global Atmospheric Research (Edgar) de la Commission européenne comme le sixième plus grand pollueur arabe en termes d’émissions de carbone liées à l’environnement bâti, avec 5 millions de tonnes équivalent CO2, cette situation met en lumière le besoin pressant de réviser les approches traditionnelles de la construction.
Face à cette réalité, l’introduction de technologies de conservation de l’énergie apparaît comme une stratégie prometteuse pour réduire l’empreinte carbone du secteur. Cependant, cette démarche est à double tranchant : si, d’un côté, elle peut effectivement diminuer les émissions opérationnelles des bâtiments, de l’autre, elle risque de provoquer une augmentation des émissions incorporées due à l’intensification des travaux de rénovation nécessaires à l’implémentation de ces technologies.
Dans ce contexte complexe, il devient impératif pour la Tunisie de trouver un équilibre délicat entre le soutien à l’un de ses principaux moteurs de croissance et l’adoption de mesures efficaces pour la réduction de son empreinte carbone. La construction de bâtiments énergiquement propres se présente comme une opportunité prometteuse, non seulement pour répondre aux défis climatiques mais aussi pour revitaliser un secteur actuellement en difficulté.
Malgré un manque de ressources financières, les lignes de financement étrangères existent pour soutenir ce type de projets, offrant une opportunité précieuse pour la Tunisie de se positionner en tant que leader régional dans la construction durable.
La transition vers des pratiques de construction plus vertes nécessite une volonté politique forte, un engagement du secteur privé, et une mobilisation des ressources financières internationales. C’est seulement à travers une approche intégrée, impliquant tous les acteurs concernés, que la Tunisie pourra relever ce défi et s’engager résolument sur la voie de la durabilité. La tâche est ardue mais essentielle pour assurer un avenir prospère et durable pour les générations à venir.