Le concours national d’architecture « ASBU Link Center » pour le compte de l’ASBU (Arab States Broadcasting Union) a été remporté par les architectes Chaker Zayati, Brahim Chouchane et Zied Hamdi. Il s’agit d’un immeuble de bureaux, commerces, services et espaces de coworking. Il est composé de 3 sous-sols, d’un rdc et de 12 niveaux. Vingt-sept groupements d’architectes ont participé à cette compétition et cinq projets ont été sélectionnés pour le 2ème tour. Nous présentons les trois projets lauréats de ce concours.
Le terrain dédié à l’édification de l’A.S.B.U Link Center se trouve au centre urbain nord, une zone en pleine ébullition urbanistique, où les modes d’expression et les modèles architecturaux se bousculent.
Implanté sur un terrain stratégique, carrefour de quatre voies, notre projet doit émerger de cet éclectisme architectural, pour exalter, ravir et émerveiller. C’est donc, à la fois, la modernité et l’ouverture qui sont annoncées, tout en reflétant la convivialité, rationalité, rigueur, hardiesse et innovation. Notre travail de concepteurs pour l’édification de ce projet consiste à traduire ces aspects fédérateurs par une architecture sensible et sans outrance.
Pour symboliser les valeurs universelles du travail, le projet exprime une présence institutionnelle singulière. Les espaces drainant le plus grand nombre d’usagers : le centre de congrès avec ses 5 salles polyvalentes, le lounge et le restaurant panoramique, occupent une place de choix dans le projet : la façade Nord Est. Ils jouissent ainsi de terrasses végétalisées et d’un panorama imprenable : le lac de Tunis et le « Boukornine ». Les différents éléments du programme ont été regroupés suivant la nature des activités en 4 grandes composantes : le centre de congrès (salles polyvalentes), les espaces ludiques (restaurant panoramique, lounge et fitness), les bureaux (open spaces et paysagers individuels), les espaces divers (showroom, agence bancaire, jardin d’enfants). Chacune de ces composantes bénéficie d’une entrée indépendante afin de lui assurer une parfaite autonomie de gestion et d’exploitation. Ainsi, les salles polyvalentes ont été groupées en un centre de congrès jouissant d’un accès et d’un circuit qui lui est strictement réservé. Il en va de même pour le restaurant panoramique, du lounge, et du fitness, tous les 3 nichés au 11ème étage et bénéficiant d’un accès indépendant au RDC lui assurant l’autonomie de gestion et d’exploitation.
La diversité des activités conduit à formuler des itinéraires sensibles depuis les accès jusqu’aux espaces intérieurs. C’est un travail sur le regard, la lumière, la mise en scène dans un souci permanent de gestion contrôlée des publics. Le terrain est le carrefour de quatre voies. Les accès ont été identifiés en fonction de la nature de l’activité et de l’importance du flux d’usagers. Ainsi, les accès principaux du projet ont été placés sur les voies de 50 et de 30.
La crèche est implantée sur la voie piétonne. L’accès au 11ème étage (fitness, resto-lounge et restaurant panoramique) est situé sur la voie desservant l’hôtel Marriott.
Maitre d’ouvrage : ASBU, l'Union de radiodiffusion des États arabes (Arab States Broadcasting Union) Emplacement : Centre urbain Nord Surface : 35000 m2 Année du concours : Janvier 2023 Architectes lauréats : Chaker ZAYATI, Brahim CHOUCHANE et Zied HAMDI
Texte : Chaker ZAYATI, Brahim CHOUCHANE et Zied HAMDI
Projet classé 2ème
FUSION ARCHITECTES : Akram KHELIF, Hanen BAHRI, Slim BADRI Architectes Collaborateurs : Khaoula ATTIA , Sarra KAMOUN
Le projet proposé incarne « une vision tournée vers le futur, qui attire les nouvelles générations d’entrepreneurs et qui stimule l’innovation et la créativité en leurs proposant un espace contemporain modulable, technologique et écologique ».
Le parti architectural du projet a pris naissance suite à la combinaison de trois axes de réflexions. Le premier est la lecture et la traduction des principales composantes du programme en deux entités majeures indépendantes mais connectées, le deuxième est le choix conceptuel de créer un projet totalement modulable, qui peut répondre à des besoins totalement variés des futurs occupants en terme d’organisation spatiale mais aussi à différentes échelles de temps. Le troisième axe de réflexion est plus technique, il s’agit d’un bâtiment classé IGH (Immeuble à grande hauteur) nous avons donc intégré une conception tramée avec deux noyaux structurels et de circulation et de réseaux techniques qui permet d’optimiser la stabilité structurelle du bâtiment mais qui vient aussi appuyer le choix de modularité fonctionnelle et de respect des normes de sécurité incendie particulière à ce type de bâtiments.
Ce concept architectural est traduit par la volonté de créer un dialogue dynamique entre les formes qui est traduite par les jeux de transparence et d’opacité de la double peau ainsi que la variation de traitements des murs rideaux assurant à la fois une protection thermique et des zones ombragées aux salles polyvalentes et de co-working.
Les deux entités sont liées en façade par une double peau qui les englobe et les unis ; cette double peau constituée de panneaux à perforation variable, dessine des signes calligraphiques. Un langage codé multiculturel qui constitue le “LINK” (lien) physique et symbolique du projet.
Les volumes apparaissent ainsi tel que sculptés dans une masse solide, les formes d’une part arrondie et d’autre part biseautée exprime la dynamique des startups en pleine croissance aux idées innovantes et visionnaires.
Les deux volumes de trames et de formes légèrement différentes abritent les fonctions majeures qui sont les bureaux open-space en double hauteur et les bureaux modulables individuels.
Le roof top, de par sa vocation homogène de restauration, vient créer une couronne de terrasses panoramiques ouvertes sur la vue dégagée que procure le site.
Les architectes ont mis l’accent sur la fluidité de la circulation et la modularité totale du projet grâce un axe traversant dès le RDC qui permet un accès indépendant aux batteries d’ascenseurs, et cages d’escaliers. Munis de gaines techniques et de désenfumage ainsi que des blocs sanitaires et des locaux techniques.
Cet axe fait office de circulation commune et de zones de détentes aux bureaux dotés de terrasses à chaque niveau. Respectant les enjeux environnementaux et écologiques, les architectes ont opté pour une façade Sud protégée par l’alternance entre des murs rideaux de panneaux opaques avec isolation et des brises soleils horizontales.
Par ailleurs, des dispositions ont été prises dans le cadre de l’intégration future d’une démarche HQE et de la volonté de procurer le confort et l’amélioration des conditions de vie telles que l’emploi de panneaux photovoltaïques en Toiture, l’ Utilisation d’un Vitrage à Haute Performance énergétique et acoustique “ AGC”, l’Utilisation de protections solaires par des brises soleils horizontaux, une double peau perforée et d’une pergola de protection en toiture ainsi que d’autres moyens d’économie d’énergie à savoir la mise à contribution des éléments pleins du projet et les systèmes de climatisation et de chauffage pas VRV à récupération d’énergie.
Projet classé 3ème
Architecte mandataire : Mourad ZOGHLAMI Architecte associé : Mahrez MELLITI Architectes collaborateurs : Ons ZARIAT- Azza KHIARI - Aymen BEN ABDALLAH - Hosni BEN AZIZA- Yassine MELLOULI - Leila BEN ABDA Kmar ZOGHLAMI (Texte de présentation) Consultante : Dr Latifa BOULILA
THE LENS…
Repère urbain, Identité, Symbole fort
« Des images dans l’œil humain ! Voilà ce qui domine tout être humain. À partir de l’œil ! Sujet ! L’oreille entend le son ! Une toute autre conception, merveilleuse du même monde » Friedrich Nietzsche
Là, le regard se pose sur un carré de vide inopiné. C’est un vide plein, un vide palpitant, et l’air autour semble vibrer comme une respiration qui en fait onduler la surface.
Ce vide est précieux, fragile en théorie, incontestablement puissant en nature. Porté par un projet taillé comme un diamant, il se reflète sur ses multiples facettes et rebondit comme un écho, pour atteindre l’œil humain. Et l’œil humain lui, y voit une opportunité. Tout espace de la ville est plein, et il est bien difficile pour l’esprit en proie à l’ennui de se démêler de cet enchevêtrement qui propose tout, sans proposer la place pour penser. C’est justement le cadeau que fait ce vide. Il offre une ouverture, une fenêtre sur le monde. Il devient un espace où rien n’est fondé, qui permet aux esprits nouveaux de se laisser pousser des ailes sans risquer se cogner au plafond bas de la ville. Il devient un espace qui invite la créativité, qui encourage l’innovation, qui permet l’envol et qui le fête.
Le vide devient une chance dans ce projet. Une chance de partage et d’échange dans cet espace qui se transforme en une scène illuminée, une scène d’opportunités qui vibre et pulse au rythme des idées qui éclosent.
Au sein de cette place portée par le projet et couvée par le pont suspendu qui lui sert de toit, les jeunes esprits sont mis en lumière, poussés sous les projecteurs et aidés vers le but d’innover, d’inventer, de créer. Un dynamisme constant habite le projet, une énergie qui le parcourt d’un côté à l’autre, d’un bout à l’autre en suivant un rythme sur lequel on lit le sens et l’identité du projet. Des lignes verticales qui engendrent une impression de solidité, de puissance et d’élévation et des diagonales qui donnent une impression de profondeur et de mouvement. Le vide en son centre est la clé, et permet aux jeunes startups de penser leur envol. Car qui d’autre qu’eux, peut changer les choses ?
Article paru dans Archibat n°57 – Mars 2023, vous pouvez le commander ou vous abonner en ligne : https://archibat.info/shop/