Ecossais bon teint, David Bond, probablement à l’étroit dans son île natale, a sillonné une bonne partie du monde durant ces dernières années. Adepte du
« vaga…Bond…age », comme il a intitulé une de ses dernières expositions, il a fait d’Aden, Alexandrie, Ouargla, Ghardaïa, Alger, Marseille, Gao, et aujourd’hui Tunis, autant d’étapes dans son carnet de voyage.
Ce promeneur du monde, adepte des chemins buissonniers, a érigé la marche à pied en mode de vie. Ses voyages, ses découvertes, ses souvenirs, ses coups de cœur et d’humour, il les raconte en dessins, aquarelles, collages, messages. Irrémédiablement urbain, il sillonne les cités, persuadé qu’il n’y a des choses que l’on ne peut voir qu’en se déplaçant à pied.
De retour depuis un an à Tunis où il avait déjà séjourné et travaillé dans le cadre de l’IBLA, l’Institut des belles lettres arabes, durant une quinzaine d’années, il remonte les chemins de sa mémoire et nous offre l’image d’une ville ni tout à fait autre ni tout à fait la même. Après avoir habité et travaillé dans la médina que personne ne connaît mieux que lui, il s’installe au Kram et découvre la banlieue nord.
« C’est une ville écartelée, les divers centres d’activité se superposent. C’est fascinant de voir ces univers qui s’approchent, s’éloignent, évoluent côte à côte. Ma peinture est fondamentalement urbaine.
J’ai peint Alger, une ville qui se prête à l’exploration urbaine, où j’ai eu à me situer dans un cadre qui n’était pas le mien. A Ouergla, Ghardaïa, j’ai vécu dans des cadres excentrés, mais toujours urbains. »
A Tunis, où il revient après avoir soutenu une thèse de doctorat sur « Histoire et Nostalgie en Tunisie », il revisite ses souvenirs de la ville passée, retrouve les lieux fréquentés il y a 30 ans, approfondit son récit, remonte les sentiers de sa propre mémoire. Dans ses œuvres qui toutes racontent une histoire, en images, en rébus, en clins d’œil, il convoque des personnages historiques, évoque des lieux disparus, fait des associations d’idées insolites qu’il nous demande de décrypter.
Qui se souvient de la célèbre Brasserie Suisse ? Qui peut deviner que le portrait du Prince de Galles évoque un magasin de lingerie jadis très couru ?
Quelles stations du TGM aujourd’hui oubliées, restituent ces tickets ?
Et tant d’autres détails foisonnant dans ces compositions fourmillant de détails, d’anecdotes, d’évocations d’une vie, d’une ville, d’un passé proche, d’un présent intemporel.
« Ce qui me frappe, c’est la façon avec laquelle on peut voir les traces du passé, les apports du présent, sous une forme simultanée. C’est ce télescopage des temps et des époques qui constitue un thème récurrent pour moi. »
David Bond est un fidèle, à ses amis, à ses quartiers, à ses galeries. Il a ses repères, et expose de façon régulière en banlieue nord et dans la médina : à la galerie Imagin, à Carthage, mais aussi dans la librairie des souks Diwan.
Texte : Alya Hamza
Article paru dans Archibat n°47 – Août 2019