Thème général :
Le premier Cluster Green Building en Tunisie de la technopole de Borj Cedria.
Matériaux de construction, innovation et développement durable
ArchiNews
Résultat du concours international de requalification de la colline de Byrsa et du musée de carthage
1. Débat
Thème : Le premier cluster Green building en Tunisie
Invités :
M. Zakaria HAMED, PDG de la société de gestion de la technopole de Borj Cedria.
M. Mounir Bahri, Président Tunisia Green Building Council (Tunisia GBC), membre fondateur et ancien directeur à l’ANME (Agence Nationale de Maîtrise de l’Energie), ancien directeur du CTMCCV (Centre technique des Matériaux de Construction de Céramique et de Verre), actuellement consultant, en économie d’énergie dans le secteur du bâtiment, expert chargé de la coordination du projet de cluster Green building en Tunisie.
Dans le cadre des activités du projet européen « Green Building » disposant d’un budget total de 2,2 millions € pour une durée de 48 mois (30 Août 2019 – 29 Août 2023) financé par le programme IEV CTF MED, la Société de Gestion de la Technopole Borj Cédria (SGTBC) est engagée dans un projet pilote de rénovation de l’hôpital Kassab à Tunis.
Afin de disséminer les résultats de cette expérience et suite à un atelier de réflexion relatif à la création d’un cluster Green Building en Tunisie dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de transition énergétique et écologique dans le secteur du bâtiment en Tunisie l’opportunité de création du cluster Green Building en Tunisie a été lancé par l’ECOPARK Technopole Borj Cedria.
ECOPARK Technopole Borj Cedria. www.ecopark.tn
2. L’invité
Ahmed Jelidi, Professeur de Génie Civil à l’ENIT – Expert en Ingénierie et Développement Durable des Matériaux de Construction
Le Développement durable des matériaux de construction (MC)
Alors que dans les pays développés, les réglementations environnementales imposent aujourd’hui un bilan carbone et des spécifications strictes au niveau de l’utilisation des MC, où en est-on en Tunisie ? Quels matériaux locaux adaptés à notre contexte, devraient-on privilégier ?
« Un matériau de construction (MC) est un produit obtenu par extraction et traitement dans une carrière, puis par transformation et/ou fabrication dans une usine industrielle ou sur chantier, ainsi que par recyclage des déchets inertes des chantiers de démolition ou de construction.
Il est destiné à être utilisé dans la construction des différents ouvrages aussi bien pour le bâtiment que pour les travaux publics.
La majeure partie des MC provient essentiellement de matières premières d’origines minérale et métallique et à un degré moindre de matières premières d’origine organique. La plupart de ces matières premières qu’elles soient minérales, métalliques ou organiques sont des substances utiles épuisables et non renouvelables.
De plus, leur extraction, transport, transformation, fabrication, utilisation, maintenance et démolition constituent des sources de pollution de l’air, du sol et de l’eau, de consommation d’énergie fossiles elles-mêmes épuisables et non renouvelables et de production de déchets de chantier et de démolition.
Les aspects « épuisable non renouvelable », « polluant » et « énergivore » constituent des handicaps majeurs dans le contexte d’une approche responsable de développement durable, qui en plus des considérations techniques et fonctionnelles des MC, doit tenir également compte des aspects sociaux, économiques et environnementaux.
Il est par conséquent impératif que les principes de développement durable spécifiques aux MC soient intégrés sous formes d’exigences réglementaires normatives techniques et législatives tout au long de leur cycle de vie aux différents stades de production, d’achat, de transport, d’utilisation, de maintenance et de recyclage.
Les exigences réglementaires normatives techniques et législatives intégrant les aspects du développement durable spécifiques aux MC sont basées essentiellement sur les études d’impacts sur l’environnement et sur la santé humaine, la rentabilité du process de fabrication, les certifications des produits, les déclarations environnementales, les labels environnementaux, les analyses et les coûts du cycle de vie (ACV-CCV), ainsi que sur des approches privilégiant l’exploitation et la production durables, de matériaux renouvelables, de matériaux locaux et aussi de matériaux alternatifs provenant du recyclage des matériaux en fin de vie ou des déchets ou des sous-produits industriels.
Pour cela il est primordial de définir des propositions d’orientations stratégiques futures basées sur des paramètres et des indicateurs de développement durable permettant d’évaluer les différents impacts sociaux, environnementaux et économiques de la chaîne de valeur de tout type de matériau de construction. »
[ Extrait de Guide pour une gestion durable des matériaux de construction en Tunisie – Dr. Ahmed Jelidi – 2022 – OTEDD ]
3. Focus Technique
Ahmed Jelidi, Professeur de Génie Civil à l’ENIT – Expert en Ingénierie et Développement Durable des Matériaux de Construction
Focus sur « les ciments bas carbone« , avantages, utilisation ? Est-ce que ce produit est disponible en Tunisie ?
L’impact carbone d’un produit représente la quantité de Gaz à Effet de Serre (GES) émise sur l’ensemble de son cycle de vie, il est exprimé en kg eq.CO2. Il est calculé selon la norme NF EN 15804 en tenant des émanations de différents gaz tels que le méthane (CH4), les halocarbures (PFC, HCF), les protoxydes d’azote (N2O), l’hexafluorure de soufre (SF6) et le plus connu et dont les émissions sont les plus importantes, le dioxyde de carbone (CO2).
L’empreinte carbone des ciments est directement proportionnelle à leur teneur en clinker qui est un composant actif hydraulique nécessaire au développement des résistances mécaniques du ciment, et donc à sa solidité et à sa durée de vie. La fabrication du clinker nécessite de grandes quantités de substances utiles épuisables (1,5 t/ t), consomme beaucoup d’énergie (cuisson à 1450°C; 80 kg ep/t) et dégage beaucoup de GES (environ 760 kgCO2éq./t).
Les différents types de ciments actuels sont répartis selon la norme NT 47.01 (EN 197-1 : 2012) en onze catégories (Ciment sans ajout, Ciments avec un ajout de laitier ou des fumées de silice ou de la pozzolane ou des cendres volantes ou du schiste calciné ou du calcaire ou avec plusieurs ajouts à la fois) sachant que tout récemment deux autres catégories ont été ajoutées avec une nouvelle EN 197-5: 2021.
L’enjeu et le défi est de réduire l’empreinte carbone des ciments en diminuant le plus possible leur teneur en clinker, tout en conservant leur résistance mécanique. Il existe aussi d’autres solutions en cours de développement dans le monde qui sont les ciments à base de géopolymère. Le ciment bas carbone sera donc un ciment qui doit garantir en premier lieu sa fonction essentielle de résistance mécanique, mais avec une consommation réduite de substances utiles et d’énergie avec une réduction des émissions de gaz polluantes. ( Texte : Ahmed Jelidi )