L’art de bâtir en terre crue, de Jean Dethier
Potentiel de la terre crue La religion du béton armé qui s’est développée avec l’avènement de la société industrielle a longtemps fait oublier les qualités de la terre crue. Dans un contexte où l’urgence climatique oblige à reconsidérer nos manières de construire, ce matériau aux vertus écologiques évidentes (disponible, peu gourmand en énergie, faiblement émetteur de CO₂…) reprend du galon. Habiter la terre, de Jean Dethier, destiné à un public de profanes, donne la mesure de son potentiel. Magnifiquement illustré, il réunit des centaines de constructions fascinantes, issues de toutes les époques, de tous les continents : de la cité yéménite de Shibam (XVIe siècle), de la grande mosquée de Djenné, au Mali (1907), aux habitats ruraux allemands du XIXe siècle, en passant par un ensemble d’ouvrages contemporains réalisés par des architectes lauréats du prix Pritzker… Evitant l’écueil de l’exotisme, le livre se place sur le terrain de l’information (techniques de construction, atouts et limites du matériau…), mais cherche aussi à faire rêver. L’enjeu pour ses auteurs est avant tout militant : lever les freins encore puissants qui entravent le développement de la filière, provoquer le basculement d’une « écologie de la réparation », cristallisée sur la question de l’isolation thermique, à une « écologie de fondation ».
Isabelle Régnier
Habiter la terre. L’art de bâtir en terre crue, de Jean Dethier et al., Flammarion, 512 p., 45 €.