Pour sa rentrée artistique, TGMGallery a choisi de rendre hommage aux Pionniers de la Peinture Tunisienne. Poursuivant sa démarche didactique, soucieuse de présenter les écoles et mouvements de la peinture tunisienne, TGMGallery avait, on s’en souvient, réuni sur ses cimaises les artistes de l’Ecole de Tunis, les Peintres Rebelles qui leur avaient succédé, les Peintres Juifs de Tunisie et les Orientalistes.
Précédant l’Ecole de Tunis, des peintres tunisiens avaient ouvert la voie et balisé le champ artistique. Il aurait été injuste de ne pas leur rendre hommage.
On les appelait les peintres indigènes. Et c’est par la petite porte qu’ils se sont glissés sur la scène artistique, au temps où la peinture coloniale tenait le haut du pavé. Mais ils ont su prendre place dans un paysage artistique qui ne leur était pas acquis, élargir peu à peu la place congrue qu’on leur avait concédée, et ancrés dans leur tunisianité, instiller subtilement un autre regard. On les a vu apparaître dans les salons de l’époque, sans tambours ni trompettes, mais avec une détermination calme et tranquille. Bien sûr, ils se sont pliés aux codes et aux règles de l’esthétique de ce temps, ont fourbi leurs armes dans les écoles officielles, se sont formés auprès des maîtres reconnus. Et puis ont entrepris la mission qu’ils s’étaient implicitement donnée, sans se consulter, sans se fédérer, pionniers balisant les routes pour une nouvelle génération.
Hedi Khayachi, puis Nouredine Khayachi, Abdelaziz Berrais, Osman, Jilani Abdelwahab, dit Abdul, Amara Debbach, mais aussi Hatim el Mekki, Aly ben Salem, Leo nardus, Rodolphe Derlanger, pionniers de l’art pictural en Tunisie, ont ouvert les portes aux artistes tunisiens, offert une référence à leurs successeurs, et transmis le rôle qu’ils avaient initié : éduquer le goût, bâtir une tradition de la peinture dans un pays qui n’en avait pas, créer une vision esthétique bâtie sur la richesse d’un patrimoine millénaire, renouer avec une expression d’arts visuels souvent considérés comme arts mineurs, et retrouver les racines d’un passé fécond et inspirant.