À la Galerie Nadaud (espace Sadika), le diplomate Javier Puig Saura nous invite à voir le monde autrement. Son exposition présente 21 clichés qui révèlent, avec une étonnante humanité, la diversité des peuples et la beauté singulière de leurs identités.
Une rencontre fondatrice avec la photographie
Tout commence dans une chambre noire d’une résidence universitaire à Barcelone. C’est là que Javier Puig Saura découvre la photographie et entame une relation durable avec cette pratique artistique. De la pellicule au numérique, son parcours personnel et professionnel l’emmène aux quatre coins du globe : Tunisie, Maroc, Guatemala, Vietnam…
Mais c’est en Asie que son regard évolue : la photographie ne se contente plus d’accompagner ses voyages, elle en devient la raison. Aller à la rencontre de l’Autre devient alors essentiel.
Témoigner de la beauté du monde
Les images de Javier Puig Saura ne sont pas de simples souvenirs de voyage : elles incarnent une volonté de témoigner d’un monde encore préservé, loin de l’uniformisation culturelle imposée par la mondialisation. Son travail s’attache à capter ce que nos sociétés tendent à considérer comme du folklore, mais qui constitue, au contraire, le cœur vivant de nos identités.
L’Afrique, entre présence fière et harmonie animale
Dans la vallée de l’Omo en Éthiopie, berceau de l’humanité, plusieurs communautés cohabitent : Hamers, Mursis, Turkanas, Karos, Surmas… Javier y installe un fond noir, et les jeunes se parent avec ingéniosité de feuillages et de fleurs. Leurs regards denses et fiers évoquent les portraits classiques de la peinture. Il n’y a ni misérabilisme, ni voyeurisme, seulement l’émerveillement face à une humanité en majesté.
Plus loin, les clichés en sépia nous transportent au Sud Soudan, où les éleveurs entretiennent une relation sacrée avec leurs animaux. Dans ces plans larges, la poussière, les silhouettes, les cornes en demi-lune composent une scène d’une grande intensité esthétique.
Une œuvre entre art et éthique
Sans retouches, simplement sublimées par un jeu de lumière ou de contraste, les photographies sont imprimées sur toile. Javier Puig Saura privilégie les lignes, les matières, les couleurs brutes. La rayure du zèbre répond aux empreintes tracées sur la peau, la composition cherche toujours à faire émerger une beauté universelle.
Son travail nous invite à penser la photographie non pas comme un simple outil de captation, mais comme un langage multiple, sensible et ouvert à l’altérité.
Texte : Elsa Despiney – Mai 2025
Infos pratiques
Exposition jusqu’au 6 juin 2025
Galerie Nadaud – Espace Sadika, Gammarth
Une partie des bénéfices sera reversée au Fonds Diplo Alya, en soutien à la rentrée scolaire de familles tunisiennes défavorisées.