L’intervention sur un bâtiment exige non seulement une analyse approfondie de son état physique et des causes de sa dégradation, mais aussi une connaissance de ses usagers, de ses modes de gestion et d’entretien, de son fonctionnement et de son environnement. Mais surtout une lecture de sa mémoire. Chaque intervention raconte une histoire, participe à la formation et l’apprentissage du métier et enrichit la connaissance de ce patrimoine universel.
Ma carrière professionnelle à l’ASM a été couronnée par le prix Aga Khan d’architecture islamique que nous avons reçu en 2010 pour la réhabilitation et la revitalisation de la Ville Nouvelle ou la ville des XIXe – XXe siècles.
En parallèle, j’ai vécu une nouvelle expérience en tant qu’enseignante et là je découvre un autre métier. L’ASM pourrait être considérée comme un lieu d’enseignement, on y accueille régulièrement des stagiaires et de jeunes diplômés constituent une part importante de l’équipe.
J’ai beaucoup appris au contact des étudiants et de mes collègues enseignants. Je leur suis très reconnaissante. Les expériences pédagogiques, les références, les voyages d’école, les débats, ont stimulé les démarches réflexives dans l’atelier. Aux étudiants, je demande d’être eux-mêmes et de convoquer ce qu’il y a de plus profond en eux.
A l’ALECSO, j’ai essentiellement participé à l’organisation :
– d’ateliers de formation pour le renforcement des capacités arabes en matière de protection du patrimoine immatériel avec l’équipe du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
– d’ateliers de formation pour le renforcement des capacités arabes en matière de gestion des risques du patrimoine pendant les périodes de conflits- ALECSO/UNESCO/ICCROM. Une autre dimension du métier d’architecte.
Une autre dimension du métier d’architecte, nous étions sollicitées trois femmes architectes à animer 5 ateliers de diagnostic et de conception participatifs. Notre mission consistait à établir un diagnostic participatif de l’état existant des 5 maisons de jeunes afin de définir les actions de réaménagement dont elles bénéficieront. Et d’identifier par le biais d’une approche participative, les besoins des jeunes pour établir un programme fonctionnel des actions à entreprendre.
Une autre expérience « Potager urbain » : Une expérience démarrée il y a deux années autour d’un citronnier et depuis, c’est devenu une rencontre hebdomadaire, avec une équipe qui s’est élargie, des visites, des contributions. Le potager est au cœur de la communauté :
échange, participation, expérimentation…etc. L’équipe est constituée d’un pharmacien biologiste, une agitatrice culturelle et une architecte.
La reflexion est aujourd’hui autour du développement de potagers urbains dans la ville, de la conception, de la construction de jardins potagers au sol, sur les toits, de l’aménagement de nouveaux espaces de vie.
Il s’agit de penser une activité transversale qui croise des expertises, des disciplines et des compétences hybrides entre l’ingénierie et la gestion complète de projet d’urbanisme, les apports des sciences et techniques agronomiques, l’approche design, la construction, la gestion technique et logistique, l’aménagement d’espaces paysagers, l’horticulture, l’animation, la pédagogie, l’événementiel et la communication !
L’agriculture urbaine s’invite dans nos villes, un architecte ne développera-t-il un nouveau métier d’être un agriculteur urbain ?
Une autre expérience « Potager urbain » à la cité CNRPS d’El Menzah 6, Ariana : Une expérience démarrée il y a deux années autour d’un citronnier et depuis, c’est devenu une rencontre hebdomadaire, avec une équipe qui s’est élargie, des visites, des contributions. Le potager est au cœur de la communauté : échange, participation, expérimentation…etc. Un noyau dur constitué d’Abdelfattah Memmi biologiste médical, de Zakia Hamda agitatrice culturelle, Faïka Béjaoui architecte, Faïza Mejri et Abderrazak Khadhraoui journalistes habitants la cité, se retrouve tous les dimanches pour de nouveaux échanges et de nouvelles expérimentations.
Texte : Faïka Béjaoui, Architecte-Urbaniste
Article paru dans Archibat n°51 – Avril 2021