Entre moteur économique et grand consommateur de ressources, le bâtiment doit se réinventer. En intégrant les principes de l’économie verte et circulaire, il devient un acteur clé de la transition durable, conciliant innovation, performance et responsabilité environnementale.
Le secteur du bâtiment représente un pilier fondamental de l’économie mondiale, générant une part importante de richesses et d’emplois. Il est également l’un des plus grands consommateurs de ressources naturelles et un émetteur majeur de gaz à effet de serre. Face à ces défis environnementaux, la transition vers des modèles plus verts et circulaires apparaît comme une nécessité impérative pour assurer un avenir durable à notre planète.
L’économie circulaire appliquée au bâtiment repose sur sept principes fondamentaux qui doivent être intégrés à chaque étape du cycle de vie d’un projet architectural. Ces principes comprennent l’approvisionnement durable, l’éco-conception, l’écologie industrielle, l’économie de la fonctionnalité, la consommation responsable, l’allongement de la durée d’usage et la gestion de la fin de vie. L’application systématique de ces principes permet d’optimiser l’utilisation des ressources et de renforcer la durabilité des constructions.
La phase de conception constitue une étape cruciale où il convient de « penser la fin de vie dès la conception« . Cela implique le choix de matériaux durables, biosourcés, recyclés ou réemployables, l’intégration de l’analyse du cycle de vie (ACV), la conception d’espaces adaptables et réversibles, ainsi que l’anticipation de la déconstruction sélective. La collaboration avec l’écosystème local et la création d’espaces partagés contribuent également à une approche plus durable.
La phase de construction passe par le recours à des fournisseurs locaux, une logistique verte optimisant les flux de transport, des méthodes de construction propres comme la préfabrication, la réduction des pertes par des découpes optimisées, la valorisation des déchets de chantier, la mutualisation des équipements et la formation des équipes aux pratiques durables. L’accent est mis pendant cette étape sur l’idée de « construire en facilitant la déconstruction« .
La phase d’exploitation et de fin de vie du bâtiment n’est pas en reste, avec la mise en œuvre de systèmes de gestion intelligente des consommations, l’adaptation des espaces pour les rendre évolutifs, et le tri rigoureux des déchets. Le principe de stratification, qui consiste à superposer des couches fonctionnelles distinctes (structure, enveloppe, installations techniques, finitions), joue un rôle essentiel pour faciliter la maintenance, l’adaptabilité et le réemploi des composants du bâtiment.
En conclusion, l’intégration des principes de l’économie verte et circulaire à chaque phase du cycle de vie d’un bâtiment ouvre la voie à un avenir plus respectueux de l’environnement, plus responsable et porteur de nouvelles opportunités pour l’ensemble de la société. Cette approche holistique permet non seulement de réduire l’empreinte environnementale du secteur, mais aussi de créer de la valeur économique et sociale à long terme.
Par Nahed Beyrouti, Architecte, diplômée de l’École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme (ENAU) de Tunisie, titulaire d’un master en sciences de l’ingénieur, enseignante universitaire depuis 2009 au sein de plusieurs institutions renommées, notamment l’ENAU, l’ENIG, l’ENIS, l’ISAMS et l’IPSAS.
Engagée dans l’architecture durable, membre de Tunisia Green Building Council et intervenante dans diverses conférences.
Maître praticien en Programmation Neuro-Linguistique (PNL).
Article paru dans Archibat n°65 – Octobre 2025, vous pouvez le commander ou vous abonner en ligne : https://archibat.info/shop/















