Présentez-vous svp ?
Samia Ben Abdallah Architecte fondatrice de la ligne AWA qui veut dire Architect with Artisan.
Pouvez-vous nous parler de votre cursus académique et professionnel ?
J’ai fait mes études à l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme à Sidi Bou Saïd, après cela j’ai effectué quelques stages dont un à Paris. Ensuite en 2008, après mon diplôme, je me suis associée dans une agence d’architecture à Tunis. Et en 2010, j’ai fondé BA STUDIO qui était une agence d’architecture spécialisée dans les maisons secondaires, le tertiaire, j’ai un peu touché aussi à l’écologie, à l’architecture en terre dans des projets de recherches.
En 2013, après la maternité et la révolution aussi, j’ai commencé à toucher au design, j’ai commencé par les accessoires de maison avec des projets de luminaires, de petites tables basses, de chaises et enfin de 2015 à 2017 j’ai décidé d’explorer les voies de la maroquinerie et des bijoux en créant la ligne AWA, qui était créée officiellement en 2017.
A quel moment de votre cursus avez-vous décidé de suivre cette voie ?
Avec les difficultés rencontrées sur la réalité de l’architecture dans les circonstances qu’on a traversé depuis la révolution, j’ai commencé à toucher au Design pour exprimer ma fibre créative, pour explorer aussi de nouvelles pistes, et suite à différentes recherches , tentatives, j’ai sorti de ma mémoire un tableau de Nejib Belkhouja l’artiste peintre donc. Mes premières œuvres étaient un hommage à Nejib Belkhouja et après, découlait tout le vocabulaire que j’exprime avec AWA.
Donc l’héritage architectural, l’hommage à l’artiste–peintre Nejib Belkhouja, l’hommage aussi aux artisans et leurs savoir-faire et l’innovation des techniques.
En quoi ta formation d’architecte était favorable pour forger ta compétence et ta sensibilité à la création?
En fait, être architecte c’est vraiment un état d’esprit, une mentalité donc ça permet plusieurs ouvertures, plusieurs possibilités. On maitrise la technique, on met la technique au service de la création. Cette rigueur est importante dans un projet créatif et permet d’atteindre une certaine qualité confirmée.
Comment se manifeste le regard, la perception et la touche de l’architecte dans vos créations?
Alors, toutes mes créations sont inspirées de l’architecture locale, vernaculaire. Je reprends, donc, les formes, la morphologie, tels que les voûtes, les coupoles, les portes, le skyline, aussi l’Hôtel du Lac de Tunis, donc tout ce qui me touche au niveau de l’architecture en Tunisie.
Quelle est la place du profil de l’architecte designer dans le marché tunisien et international?
Très honnêtement, je trouve que le Design prend une ampleur, il y a vraiment un grand potentiel actuellement en Tunisie et alors ça part du Design-objet, à la mode. Je pense aussi que même l’architecture va traverser une période, j’espère faste après cette crise-là, donc je trouve qu’il y a un super potentiel pour le design en Tunisie.
Avez-vous participé à des expositions, comment arrivez-vous à vendre vos créations?
En 2015, j’ai participé à une exposition à Beyrouth organisée par Menétat, et l’ASM l’Agence de Sauvegarde de la Médina de Tunis. Donc j’ai pu exposer une collection, la toute première collection de bijoux. À ce moment-là, je ne savais pas que j’allais me consacrer à la maroquinerie et à la création de bijoux, mais en 2017, lorsque j’ai commencé une activité commerciale, j’ai participé à plusieurs expo-ventes et donc c’est à travers les expo-ventes, les réseaux sociaux, le site web AWA.tn que j’arrive à proposer mes créations au public.
Un mot pour nos futurs architectes ?
Mon conseil pour les futurs architectes c’est de trouver leurs talents parce que je suis convaincue que chaque personne et chaque architecte est exceptionnel, qu’il a sa propre identité, son vécu, les choses qui l’ont marqué. Donc on peut puiser l’inspiration partout ailleurs pas forcément au niveau de l’architecture mais, le savoir-faire qu’on a acquis avec le cursus universitaire nous apporte certainement beaucoup de technicité, beaucoup de rigueur, beaucoup de persévérance, d’imagination et d’ouverture. Donc, croyez dans vos rêves, ne laissez personne vous donner votre valeur, votre valeur vous la connaissez, persévérez et trouvez des solutions dans les problèmes que vous allez rencontrer.
Article paru dans Archibat n°51 – Avril 2021